ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) Les grands courants
L'économie est une discipline jeune. En faisant abstraction des mentions du juste prix, de la monnaie ou de l'usure qu'on rencontre dans la Bible, chez Aristote ou saint Thomas d'Aquin, on peut considérer que les premiers écrits économiques datent du xvie siècle, avec les mercantilistes. Au xviiie siècle, l'économie est revendiquée en tant que science nouvelle par l'école physiocratique, qui, en France, regroupe les premiers libéraux. Les classiques la désignent par « économie politique » et le terme de science économique, aujourd'hui communément employé pour qualifier cette discipline, apparaît à la fin du xixe siècle, sous la plume des marginalistes.
Les intuitions fortes, les hypothèses de travail, les idées directrices des économistes ont donc été forgées au cours des quatre siècles derniers. L'histoire de la pensée économique est ainsi relativement courte. Cette histoire révèle l'existence de courants de pensée qui diffèrent à la fois sur la place qu'ils accordent à telle ou telle question (la monnaie, la valeur, les inégalités sociales, l'équilibre, l'emploi, le revenu, la finance, l'information...) et sur les réponses qu'ils y apportent. Certains courants, tels que le mercantilisme ou la physiocratie, ont quasi disparu. D'autres, qui ont été dominants, telle l'école classique, ou très influents, comme le marxisme, sont aujourd'hui marginalisés. Quant à l'école néo-classique, qui a supplanté à la fin du xixe siècle l'école classique, elle abrite des approches divergentes.
L'émergence du libéralisme
Les premiers économistes ne sont pas libéraux. Ceux qu'on désigne par le terme « mercantilistes » prônent l'intervention de l'État et l'activisme monétaire. C'est en réaction et comme alternative au mercantilisme que la pensée libérale naît au xviiie siècle. En France, notamment, ce mouvement apparaît sous la plume des physiocrates.
Le mercantilisme
Le mercantilisme recouvre un ensemble de doctrines et de pratiques politiques et économiques qui s'étend du milieu du xvie siècle au début du xviiie siècle, qui sépare la Renaissance de la révolution industrielle, et qui a accompagné la formation et la consolidation des États modernes d'Europe. Jean Bodin (1576, De la République ; 1578, La Response de maistre Jean Bodin... paradoxe de Monsieur de Malestroict), Antoine de Montchrestien (1615, Traité de l'oeconomie politique), Sébastien Vauban (1707, Projet d'une dîme royale) ou John Law (1704, Essay on a Land Bank ; 1705, Considérations sur la monnaie et le commerce) en France, Martin de Azpilcueta (1556, Comentario resolutorio de usuras) ou Tomas de Mercado (1568, Summa de tratos y contretatos de mercaderes) en Espagne, Bernardo Davanzati (1588, Lezione delle monete) ou Geminiano Montanari (1683, Della moneta) en Italie, William Potter (1650, The Key of Wealth), John Locke (1691, Some Consequences of the Lowering of Interest and Raising the Value of Money), Dudley North (1691, Discourses upon Trade) ou Josiah Child (1693, Traité sur le commerce et sur l'intérêt de l'argent) en Angleterre sont des figures emblématiques de ce courant. Mentionnons également Thomas Gresham (1519-1578), grand financier de la couronne britannique, qui fonda la Bourse de Londres en 1566-1568, et Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), ministre des Finances de Louis XIV, qui encouragea en 1664 la création de manufactures d'État, de manufactures privées et de grandes compagnies commerciales sur le modèle hollandais de sociétés par actions, et qui créa la Caisse des emprunts en 1674.
La pensée mercantiliste est loin de former un ensemble homogène et cohérent. Néanmoins un certain nombre de thèmes rassemblent ces auteurs. En premier lieu, la puissance de l'État résulte de (et favorise) l'enrichissement de[...]
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Écrit par
- Jérôme de BOYER : maître de conférences
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- 3 979 mots
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