ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) Les grands courants
Les classiques
La parution en 1776 des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d'Adam Smith (le « père de l'économie politique ») marque le début de l'école classique qui allait dominer la pensée économique durant un siècle. Pour Smith, la nature de la richesse est réelle ; la monnaie n'est que le moyen de sa circulation : la richesse se compose des marchandises tant industrielles qu'agricoles, qui sont produites par le travail. Le travail étant la source de la valeur, il constitue l'unité de mesure dans les échanges : l'échange des marchandises est réglé par la proportion des quantités de travail que leur production nécessite. La cause de la richesse réside dans la division du travail qui décuple la force productive du travail ; division du travail qui prend de l'ampleur avec les échanges, l'épargne et l'investissement des capitaux dans l'agriculture, l'industrie, le commerce ou la banque. Smith élabore un ensemble cohérent d'analyses qui structurera les débats au sein de l'école classique : ceux-ci porteront, d'une part, dans les années 1815-1820 sur la valeur, la répartition et la croissance ; d'autre part, dans les années 1801-1811, puis 1836-1848, sur la monnaie et le crédit.
Valeur, répartition et croissance
La valeur fournit le centre de gravitation des mouvements du prix de marché sous l'effet des forces de l'offre et de la demande. Si la demande est égale à l'offre, le prix de marché coïncide avec la valeur : la vente de la marchandise permet au producteur à la fois de récupérer les coûts en matières premières et de distribuer aux salariés, capitalistes et rentiers les salaires, profits et rentes à leur niveau naturel. Si la demande augmente et excède l'offre, le prix de marché augmente et s'établit à un niveau supérieur à la valeur. Dans ce cas, le producteur réalise un profit plus élevé qui l'incite à accroître sa production. Au fur et à mesure qu'il ajuste ainsi l'offre sur la demande, le prix de marché redescend au niveau de la valeur. Réciproquement, si la demande est inférieure à l'offre, le prix de marché diminue, s'inscrit au-dessous de la valeur et génère des pertes qui incitent le producteur à baisser la production. Le prix remonte et s'ajuste sur la valeur au fur et à mesure que l'offre s'ajuste sur la demande. C'est ainsi que la valeur, qui est indépendante du jeu de l'offre et de la demande, sert de point d'ancrage aux prix. En conséquence, l'utilité et la demande n'ont d'effet sur le prix qu'à court terme. À long terme, le prix s'ajuste sur la valeur qui, elle, est indépendante de l'utilité. L'utilité joue néanmoins un rôle dans la mesure où elle oriente la demande et donc les quantités produites.
À partir de cette base commune, les classiques vont évoluer sur l'analyse de la valeur, et diverger sur celles de la croissance et de la monnaie. Concernant la valeur, un consensus se dégage autour de l'analyse de David Ricardo (1817, Principes de l'économie politique et de l'impôt) qui met en évidence que la valeur n'est pas fonction de la seule quantité de travail dépensée à la production, mais également du montant des capitaux engagés, de la règle d'uniformité du taux de profit et du rapport salaire/profit. Complétée par Robert Torrens (1821, An Essay on the Production of Wealth), cette analyse est approfondie, bien plus tard, par Piero Sraffa (1960, Production de marchandises par des marchandises). Karl Marx reprochera à l'analyse ricardienne de la valeur d'occulter la nature du profit. Les néo-classiques la rejetteront.
L'analyse de la demande et de la croissance divise les classiques. Pour Smith, Jean-Baptiste Say (1803, Traité d'économie[...]
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Écrit par
- Jérôme de BOYER : maître de conférences
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