ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) Les grands courants
Le courant néo-classique
À partir du dernier quart du xixe siècle, et tout au long du xxe siècle, le courant dit « néo-classique » va progressivement devenir dominant. Si les thèmes de rupture avec les classiques rassemblent les auteurs de ce courant, celui-ci est traversé par de nombreuses écoles qui divergent sur l'analyse de la valeur, de l'emploi, de la politique économique et, de façon générale, sur l'efficacité des marchés.
La révolution marginaliste
Parallèlement, en Angleterre avec Stanley Jevons (1871, Théorie de l'économie politique), en Autriche avec Carl Menger (1871, Grundzätze der Volkswirtschaftslehre[Principes d'économie politique]) et en France avec Léon Walras (1874, Éléments d'économie politique pure), on assiste à une révolution dans l'analyse de la valeur. L'utilité marginale du bien, c'est-à-dire l'utilité de la dernière unité consommée, qui décroît au fur et à mesure de la consommation, est perçue comme le facteur déterminant de la valeur. Les prix d'équilibre sont tels qu'il y a égalisation des utilités marginales (pondérées par les prix) des différents biens consommés. Ce principe s'applique autant aux biens qui n'ont pas de coût de production, mais qui sont limités en quantité, qu'à ceux qui font l'objet d'une production. Contrairement à la vision des classiques, la demande fournit le facteur explicatif de la valeur.
Alfred Marshall (1890, Principes d'économie politique) opéra une synthèse entre cette révolution de l'analyse de la demande et la théorie classique de l'offre, elle-même modifiée par la prise en compte de rendements d'échelle décroissants, ou croissants. Outre le consensus sur le rôle de la demande, les marginalistes convergent pour abandonner toute référence à l'antagonisme entre salariés, capitalistes et rentiers qui caractérise les analyses ricardiennes et marxistes : le capital et la terre, au même titre que le travail, sont des facteurs productifs ; l'intérêt, la rente et le salaire en sont les prix d'équilibre. Le marché assure l'harmonie sociale.
Le changement d'optique dans l'analyse de la valeur s'accompagne d'un renouvellement de l'analyse du marché et de l'équilibre. Ainsi assiste-t-on à l'éclosion de conceptions différentes qui subsistent au début du xxie siècle. D'un côté, les travaux d'Antoine Cournot (1838, Recherches sur les principes mathématiques de la richesse sociale), Francis Ysidro Edgeworth (1881, Mathematical Psychics) et Joseph Bertrand (1883, Théorie mathématique de la richesse sociale) concluent à l'existence de plusieurs prix d'équilibre qui dépendent à la fois du nombre d'agents (le degré de concurrence), de leurs stratégies, de leurs statuts. Ils introduisent les approches d'équilibres multiples que l'on retrouvera dans le cadre de la théorie des jeux (John Forbes Nash, 1950, Equilibrium Points in N-Person Games). Pour sa part, Walras assimile la concurrence au tâtonnement qui conduit à l'unicité du prix d'équilibre, et ce dans une perspective d'équilibre général. Largement négligée alors, l'analyse walrassienne sera redécouverte et enrichie par Gérard Debreu (1959, Théorie de la valeur), Kenneth Arrow et Frank Hahn (1971, General Competitive Analysis) dans les années 1950-1970 et imposera son cadre au débat macroéconomique des années 1970-1990.
À la fin du xixe siècle, et au début du xxe siècle, c'est une troisième approche, introduite par Marshall, qui dominait la pensée néo-classique. Développant une méthodologie d'équilibre partiel qui analyse chaque marché en l'isolant de l'influence exercée par les autres marchés, elle introduit ou renouvelle l'analyse de nombreux problèmes comme le bien-être, la justice, l'entreprise,[...]
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Écrit par
- Jérôme de BOYER : maître de conférences
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