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ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) Néo-institutionnalisme

Le néo-institutionnalisme se développe essentiellement depuis les années 1980, sur la base des travaux fondateurs plus anciens de Ronald Coase sur la théorie de l'entreprise (The Nature of the Firm, 1937) et le problème des coûts sociaux (The Problem of Social Cost, 1960), de Douglass North sur les conditions institutionnelles de la croissance (Structure and Change in Economic History, 1981), et d' Oliver Williamson sur les modes d'organisation structurant une économie de marché et la logique sous-jacente aux arbitrages entre ces modes (Market and Hierarchies, 1975). L'approche qui en résulte est fondée sur le concept unificateur de coûts de transaction, et se déploie dorénavant dans l'ensemble des sciences juridiques et sociales, tout en confortant son assise économique.

L'expression « néo-institutionnalisme » a été introduite par Williamson, pour démarquer l'analyse en voie de constitution du « vieil » institutionnalisme américain des Thorstein Veblen, John Commons, Wesley Mitchell et de leurs disciples, tout en prenant des distances avec une approche néo-classique alors ignorante, sinon méprisante, quant au rôle joué par les institutions et les organisations dans le fonctionnement effectif d'une économie de marché.

Environnement institutionnel et arrangements institutionnels

Il revient à John Davis et Douglass North d'avoir esquissé, dès 1971, une structuration du nouveau domaine en distinguant « environnement institutionnel » et « arrangements institutionnels ».

Le premier désigne essentiellement les normes et règles du jeu qui cadrent l'action individuelle ou collective en imposant des contraintes, mais aussi en fournissant des supports plus ou moins efficaces à l'organisation des transactions. Bien entendu, ces règles n'évoluent que très lentement. Elles peuvent être formelles, par exemple le régime juridique des droits de propriété, mais aussi informelles, par exemple les coutumes et croyances contribuant à structurer l'activité économique et le rôle des acteurs.

Dans des articles du début des années 1990, devenus des références obligées, Paul Milgrom, Douglass North et Barry Weingast, à propos des foires de Champagne au Moyen Âge, ou Avner Greif, à propos des marchands maghribis du xie siècle, ont montré comment, en l'absence d'État fort, des institutions de nature privée se mettent en place en s'appuyant sur des règles sociales identifiables. Les institutions ainsi comprises sont souvent appréhendées comme des équilibres résultant des stratégies des acteurs, quoique la nature de ces équilibres et la façon d'y parvenir restent sujettes à exploration et à débat.

Dans l'environnement institutionnel ainsi compris s'« encastrent » les arrangements institutionnels, ou modes d'organisation, qui définissent le second axe, plus micro-analytique, du programme néo-institutionnel. Ces arrangements entendent capter la façon dont les agents, opérant dans un cadre fixé par les institutions, combinent des actifs, physiques ou humains, plus ou moins spécifiques en vue de développer leurs activités de production et d'échange.

Oliver E. Williamson - crédits : University of California, Haas School of Business/ DR

Oliver E. Williamson

L'horizon temporel de ces arrangements est nettement plus court que celui d'un environnement dont les changements s'inscrivent dans la longue, voire la très longue durée. Williamson considère ainsi dans sa synthèse intitulée The New Institutional Economics parue en 2000 que la formation et l'évolution des institutions s'inscrit dans un rythme pluriséculaire, alors que les arrangements institutionnels émergent, se recomposent et disparaissent dans l'infraséculaire.

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Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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Média

Oliver E. Williamson - crédits : University of California, Haas School of Business/ DR

Oliver E. Williamson

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