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ÉCONOMIE MONDIALE 1990 : de l'euphorie à la crainte

Commerce international : le dernier round de l'Uruguay ?

Après un ralentissement au cours du second semestre de l'année précédente, le commerce mondial s'était considérablement animé au début de 1990, ce qui entraînait un accroissement des importations de pétrole des pays industrialisés ; ces dernières ont renforcé les ressources des pays producteurs de pétrole, leur permettant d'acheter à leur tour davantage de produits manufacturés. Les échanges continuaient ainsi à progresser d'environ 6 p. 100 en volume, et ce n'étaient pas les faiblesses de l'activité ressenties ici ou là, aux États-Unis notamment, qui suffisaient à altérer l'optimisme.

Le commerce mondial de marchandises avait franchi, en 1989, le cap des 3 000 milliards de dollars auxquels s'ajoutaient quelque 600 milliards représentant les échanges de services. Ainsi se confirmait le processus constaté depuis plusieurs décennies, à savoir une croissance des échanges mondiaux supérieure à celle de la production des principaux partenaires – phénomène qui reflète lui-même l'intégration croissante des économies nationales dans un marché devenu mondial. La part du commerce extérieur dans les productions nationales respectives progresse en effet presque partout, imposant les normes de la concurrence internationale jusqu'au cœur de ce que l'on a longtemps considéré comme des secteurs protégés, par opposition aux secteurs exposés, lesquels deviennent de plus en plus nombreux.

Les politiques économiques mises en œuvre par les principaux pays influencent de plus en plus directement les flux commerciaux et conditionnent donc de plus en plus fortement l'économie nationale de chaque pays. C'est ainsi que les États-Unis, en 1985-1986, ont « tiré » l'économie mondiale par leurs importations que favorisaient un dollar fort et la reprise intérieure. Inversement, en 1987, l'économie américaine, troublée par un déficit commercial considérable et un recul sur de nombreux marchés, adopta une attitude plus protectionniste et contribua à freiner la conjoncture générale, en menaçant notamment les partenaires jugés « déloyaux » – tels le Japon et, dans une moindre mesure, l'Europe communautaire – de mesures de rétorsion unilatérales prévues par la loi de 1988 sur le commerce extérieur.

Cette solidarité de plus en plus étroite existant entre l'économie mondiale et les économies nationales conférait toute son importance à la négociation commerciale connue sous le nom d'Uruguay Round et qui se déroulait déjà depuis plusieurs années dans le cadre du G.A.T.T.

L'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (G.A.T.T.), qui régissait depuis presque quarante-cinq ans l'organisation du commerce international, avait permis de réduire la moyenne des tarifs douaniers mondiaux de 40 p. 100 à moins de 5 p. 100 en 1990. Il lui faut à présent s'adapter aux problèmes nouveaux du commerce international, sous peine de perdre progressivement sa raison d'être. C'est ainsi que le développement des échanges de services, qui représentent 20 p. 100 des transactions commerciales, échappe aux règles du G.A.T.T. ; le respect des droits de propriété intellectuelle liés au commerce est mal assuré, tandis qu'un protectionnisme sournois menace le développement des échanges et pourrait à la longue ruiner les progrès laborieusement réalisés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aussi pouvait-on craindre que, si l'Uruguay Round ne débouchait pas sur un accord solide, la dérive protectionniste ne s'accélérât et compromît le dynamisme remarquable dont a fait preuve, contre vents et marées, le commerce international, C'est dire l'importance du débat qui devait se conclure par une conférence ministérielle, en décembre, à Bruxelles.

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Écrit par

  • : directeur de cabinet du président du Conseil économique et social.

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