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ÉCONOMIE MONDIALE 1991 : une économie convalescente

Les progrès de l'intégration en Amérique latine

Les ambitions de George Bush ne se sont pas limités à cette zone de libre commerce « de l'Arctique à Acapulco ». Son projet d'Entreprise pour l'initiative des Amériques (E.I.A.), annoncé le 27 juin 1990, visait à étendre le libre-échange aux deux Amériques, tout en codifiant les questions relatives aux investissements et à l'endettement. Moyennant l'engagement des pays partenaires d'ouvrir leurs marchés, les États-Unis promettaient des allégements de dettes et de nouveaux investissements.

L'Entreprise pour l'initiative des Amériques visait-t-elle à absorber les regroupements amorcés par divers pays latino-américains sur le plan des échanges ? Au vu de l'accord-cadre sur le commerce et les investissements, conclu sous l'égide du projet E.I.A. le 19 juin par les États-Unis et les pays membres du Mercosur – Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay –, il semblait que oui. Le Mercosur est le principal projet d'intégration économique du sous-continent. Selon le pacte signé le 26 mars à Asunción, les quatre pays formeront par étapes, pour le 31 décembre 1994, un marché commun et ils se sont engagés à coordonner leurs politiques macroéconomiques.

Extension et approfondissement de l'accord bilatéral conclu entre le Brésil et l'Argentine en 1986, le Mercosur réunissait, à sa formation, 180 millions d'habitants et un P.I.B. combiné de 400 milliards de dollars. À l'issue de leur première réunion, le 22 juillet 1991, les représentants des quatre pays membres ont décidé d'harmoniser leurs positions sur le dumping et les subventions.

Il y avait un grand absent à ce regroupement : le Chili, qui est à certains égards un pays phare pour le monde latino-américain. Le redressement de sa situation économique en a fait un exemple pour les pays en développement (et parfois pour les autres). C'est précisément à cause de cette réussite que le Chili s'est abstenu de joindre ses destinées économiques à celles du Brésil et de l'Argentine qui paraissaient moins assurées malgré les réformes entreprises. Le 2 août, la signature par les présidents chilien et argentin, Patricio Aylwin et Carlos Menem, d'un accord mettant fin à vingt-trois contentieux frontaliers semblait toutefois de nature à ménager l'avenir. (L'un de ces désaccords, concernant le détroit de Beagle, à l'extrême sud du continent, avait failli dégénérer en conflit armé à deux reprises au cours des vingt années précédentes.)

Mais c'est par le nord que, en 1991, le Chili a choisi de sortir de son isolement, en signant le 22 septembre un accord de libre-échange avec le Mexique. Des initiatives semblables étaient prévues pour les mois suivants avec le Venezuela et la Colombie. Le puzzle commercial latino-américain se mettait en place : ces deux derniers pays négociaient des accords de libre-échange entre eux, ainsi qu'avec le Mexique et avec les pays d'Amérique centrale.

Le président mexicain, Carlos Salinas de Gortari, a joué un rôle capital dans ce mouvement. Son objectif premier a été d'éviter que son pays ne devienne l'otage de l'entente conclue avec son puissant voisin du Nord – une méfiance dont les racines plongent dans l'histoire (« Pauvre Mexique, si loin de Dieu, si près des États-Unis », disait Porfirio Díaz au xixe siècle). Il reste que, si l'on considère le triangle Mexique-Venezuela-Colombie, c'est surtout entre les deux derniers pays que les échanges commerciaux se sont développés. Le projet, confirmé officiellement le 22 juillet, prévoit ici aussi une zone de libre-échange qui doit voir le jour le ler janvier 1992. Contrairement aux membres de l'union douanière du Mercosur, les trois partenaires conserveront des tarifs douaniers distincts à l'égard[...]

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