- 1. Un timide retour de la croissance
- 2. Les raisons du ralentissement
- 3. Le syndrome de la pénurie d'épargne
- 4. La douloureuse transition des pays de l'Est
- 5. Un nouvel espace pour l'Europe de l'Ouest
- 6. Accroissement de l'aide au Tiers Monde
- 7. Déceptions au sujet du développement
- 8. Le poids accru de l'endettement
- 9. Menaces sur le commerce mondial
- 10. La zone de libre-échange nord-américaine
- 11. Les progrès de l'intégration en Amérique latine
- 12. Rivalités sur l'intégration en Asie
- 13. Un nouveau plan pour l'Afrique
- 14. Le Moyen-Orient victime de la guerre
ÉCONOMIE MONDIALE 1991 : une économie convalescente
Les raisons du ralentissement
Provoquée à la fois par les besoins supplémentaires – réformes économiques dans les pays de l'Est et en U.R.S.S., reconstruction des pays victimes de la guerre du Golfe – et par le ralentissement de l'épargne au cours des années fastes, la pénurie de capitaux a constitué, en 1991, le thème majeur du débat sur l'économie mondiale.
Au mois de juin, le déficit en question a été évalué par le Japan Center for International Finance à 20 milliards de dollars pour 1991, et à 25 milliards pour l'année suivante. Jean-Claude Trichet, directeur du Trésor français, a cité à ce sujet le chiffre de 30 milliards de dollars. Le directeur général du F.M.I., Michel Camdessus, a estimé, de son côté, à quelque 100 milliards de dollars le surcroît de demande d'épargne nécessaire pour les années à venir, sans compter les besoins en investissements de l'Union soviétique.
Quelle que soit la réalité des chiffres, ce débat a fait apparaître, dans l'analyse de la conjoncture mondiale, un lien entre l'épargne, l'inflation et la croissance, les taux d'intérêt jouant un double rôle de relais et d'équilibrage entre ces paramètres. Une étude publiée en juillet par la Direction de la prévision du ministère français de l'Économie explique, à la lumière de cette interdépendance, le ralentissement subi à partir de 1989 par les dix grands pays industrialisés.
Depuis les débordements des années 1970, la lutte contre l'inflation était à l'ordre du jour. Son efficacité s'est affirmée à partir de 1983 et au cours des six années suivantes. La stabilisation des prix a stimulé les dépenses des ménages, alimentant ainsi la croissance (la consommation représente environ 60 p. 100 du P.I.B. des pays développés) en diminuant leur épargne.
Entre 1980 et 1990, le taux d'épargne est revenu aux États-Unis de 7,5 p. 100 à 4 p. 100, au Japon de 18 p. 100 à 15 p. 100, en France de 17,5 p. 100 à 12 p. 100 (seule parmi les grands pays, l'Allemagne maintenait son taux, aux alentours de 12,5 p. 100).
L'année 1989 a marqué un tournant avec la résurgence de l'inflation, accompagnée d'une hausse des taux d'intérêt réels (c'est-à-dire ajustés en fonction de la hausse des prix). Ces deux facteurs se sont conjugués pour modifier l'attitude des consommateurs : il devenait plus prudent de dépenser moins, et plus avantageux d'épargner davantage. Ce retournement, s'il a provoqué un ralentissement conjoncturel jusque vers la fin de 1991, n'a pas suffi à rétablir la formation de capitaux.
Parmi les pays développés, on distinguait, depuis une quinzaine d'années, les « locomotives » (États-Unis, Japon, Allemagne) et les autres. En 1991, c'est le caractère anglo-saxon ou non des différents pays qui devient un nouveau critère de classification économique. Les pays anglo- saxons ont en effet subi une récession sensiblement plus accusée, de même qu'ils avaient fait preuve d'un plus grand dynamisme pendant la période d'expansion. Plusieurs explications permettent de rendre compte de ce phénomène.
Les consommateurs de ces pays réagissent plus que les autres à l'évolution des prix, si bien qu'entre 1983 et 1988 leur taux d'épargne a reculé de 3,5 points, soit deux fois plus que dans les autres pays industrialisés. Ce comportement a également été influencé par la baisse des taux d'intérêt réels aux États-Unis et au Royaume-Uni au cours de la même période, alors qu'ils augmentaient légèrement chez leurs partenaires (atténuant ainsi l'effet stimulant de la désinflation). Enfin, les ménages anglo-saxons sont particulièrement sensibles à l'« effet de richesse » : la dévalorisation de leur patrimoine boursier et immobilier en 1990 (8 p. 100 aux États-Unis, 11 p. 100 au Royaume-Uni) a entraîné le ralentissement[...]
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Écrit par
- Tristan DOELNITZ : journaliste économique et financier
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