- 1. Un timide retour de la croissance
- 2. Les raisons du ralentissement
- 3. Le syndrome de la pénurie d'épargne
- 4. La douloureuse transition des pays de l'Est
- 5. Un nouvel espace pour l'Europe de l'Ouest
- 6. Accroissement de l'aide au Tiers Monde
- 7. Déceptions au sujet du développement
- 8. Le poids accru de l'endettement
- 9. Menaces sur le commerce mondial
- 10. La zone de libre-échange nord-américaine
- 11. Les progrès de l'intégration en Amérique latine
- 12. Rivalités sur l'intégration en Asie
- 13. Un nouveau plan pour l'Afrique
- 14. Le Moyen-Orient victime de la guerre
ÉCONOMIE MONDIALE 1991 : une économie convalescente
Menaces sur le commerce mondial
Le rapport de la C.N.U.C.E.D. consacré à l'Uruguay Round a évoqué le danger que présenterait – dans le cas d'un échec de ces négociations sur la libéralisation des échanges internationaux – la création de blocs commerciaux à l'échelle régionale. Une crainte justifiée par certains chiffres : la croissance du commerce mondial s'est réduite en 1991 à 0,6 p. 100, contre 4,3 p. 100 l'année précédente ; les exportations des P.E.D. ont diminué en volume de 4,1 p. 100 en 1991, après 0,7 p. 100 en 1990.
Les tenants de la thèse selon laquelle il existerait un lien entre ces deux facteurs ont évoqué, pour la soutenir, le rôle clé joué par la Communauté économique européenne dans les pourparlers de l'Uruguay Round. Ces derniers ont marqué un temps d'arrêt après l'échec, en décembre 1990, de la conférence de Bruxelles consacrée aux ultimes tentatives de compromis. En février 1991, les discussions ouvertes cinq ans auparavant ont repris à Genève, au siège du G.A.T.T. (Accord général sur les tarifs et le commerce), elles ont porté sur les divers volets du cycle de négociations : agriculture, obstacles aux échanges, propriété intellectuelle, services et procédures.
Cette relance s'appuyait sur l'initiative de la Commission de Bruxelles pour une réforme de la politique agricole commune (P.A.C.), qui constituait le principal objet du différend. Les États-Unis désiraient en effet obtenir le démantèlement des subventions dont les exportateurs européens de denrées agricoles bénéficient sous forme de restitutions (alimentées par les prélèvements aux importations et le budget communautaire). Les Européens se sont opposés à cette demande jusqu'à la conférence de Bruxelles, mais ils ont fini par s'aligner, avec plus ou moins de réserves, sur une initiative de la Commission. Cette dernière prévoyait de substituer une aide directe aux exploitants, selon l'ancien système britannique des deficiency payments, à une partie au moins des subventions sous forme de prix de soutien.
Le principe de cette réforme, longtemps combattu par les ministres de l'Agriculture des Douze (car elle pénalisera les grandes exploitations, qui sont les plus efficaces), devait faire ultérieurement l'objet des arbitrages des chefs d'État et de gouvernement. La discussion devait être décisive pour l'issue de l'Uruguay Round, puisque celui-ci ne pouvait être conclu que comme un « paquet » et qu'aucun autre obstacle majeur ne semblait faire obstacle à un accord sur les autres volets de la négociation.
Dans la perspective d'un nouvel échec se profilait la possibilité d'une dérive des échanges internationaux vers des regroupements régionaux. Ici encore, le débat se polarisait sur l'Europe, l'ouverture du marché unique, le ler janvier 1993, devant inaugurer la deuxième étape de l'Union économique et monétaire.
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Écrit par
- Tristan DOELNITZ : journaliste économique et financier
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