- 1. Un cycle économique atypique
- 2. Les pesanteurs du désendettement
- 3. Vers un retour à Keynes ?
- 4. Le combat pour l'union monétaire
- 5. Les suites de Maastricht
- 6. Les pays de l'Est au plus profond de la crise
- 7. Une communauté de « proches étrangers »
- 8. L'exubérance de l'Asie
- 9. L'Afrique affectée par la sécheresse et le surpeuplement
- 10. Difficile intégration en Amérique latine
ÉCONOMIE MONDIALE 1992 : vers un nouveau modèle de croissance?
Difficile intégration en Amérique latine
Les problèmes sont passés de l'endettement aux échanges, constate un rapport du Système économique latino-américain (S.E.L.A.), publié au début de novembre 1992. Les pays de la région ont en effet été pénalisés par la récession qui se prolongeait aux États-Unis, leur principal débouché, et en Europe. Ces difficultés ont affecté la dynamique de l'intégration régionale sur laquelle ils comptaient pour consolider les acquis de leur rétablissement économique.
Dans son bulletin de décembre, la banque Paribas a souligné que les performances les plus spectaculaires ne sont pas nécessairement les plus probantes. En effet, « le renouveau de la région s'exprime par l'explosion de certaines places financières locales dopées par les programmes de privatisation et les mesures encourageant les investissements étrangers, et par le redressement de la dette sur le marché secondaire ». Le redémarrage a fait suite aux « médiocres performances » enregistrées entre 1987 et 1990, si bien que la reprise ultérieure a été, en grande partie, un phénomène de rattrapage.
Les flux nets de capitaux sont redevenus positifs, depuis 1991, pour l'Amérique latine, et leur plus grande partie est désormais composée de capitaux privés ; ceux-ci offrent de meilleures garanties de rentabilité que les capitaux publics, consacrés le plus souvent à de vastes programmes dont l'utilité n'était pas démontrée.
La difficulté à réaliser l'intégration s'est manifestée à travers le projet le plus ambitieux en la matière. Le Mercosur, né en 1990, visait à créer une union douanière englobant le Brésil, l'Argentine (liés entre eux par un accord de libre-échange), l'Uruguay et le Paraguay : soit un ensemble de quelque deux cents millions d'habitants qui se partageaient un P.N.B d'environ 450 milliards de dollars. La viabilité de ce vaste marché est apparue compromise par un manque de coordination et d'harmonisation des politiques économiques. Des quatre partenaires, seule l'Argentine est parvenue à redresser son économie, mais la surévaluation de sa monnaie l'a rendue vulnérable à la concurrence en provenance du Brésil. Aucune compensation n'a été prévue en faveur des secteurs ou régions pénalisés par la libéralisation commerciale.
Stimulés par l'ouverture prochaine du marché unique en Europe, les cinq pays du Pacte andin – Bolivie, Colombie, Équateur, Pérou et Venezuela – devaient décider le principe d'une union douanière à leur réunion de Quito, en juin.
Celle-ci s'est soldée par un échec. Les conditions d'un accord avaient été minées par la tentative de putsch militaire à Caracas, le 4 février, et par le coup de force constitutionnel du président péruvien, le 5 avril. Ces événements avaient eu raison de la confiance réciproque des partenaires, et le Pacte se réduisait à l'union entre la Colombie et le Venezuela, qui avaient éliminé leurs barrières douanières en janvier.
Le marché commun d'Amérique centrale, où se retrouvent le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica et Panama, n'a guère progressé lors du sommet de trois jours qui a eu lieu en décembre dans ce dernier pays. La principale préoccupation s'est exprimée au sujet du droit de douane de 20 p. 100 prévu par la Communauté européenne pour les importations de bananes.
La Caricom, la communauté composée de treize pays anglophones des Antilles, est, quant à elle, demeurée divisée sur le niveau d'un tarif extérieur commun. Une réunion au sommet, tenue au début de novembre, a toutefois permis un abaissement du droit maximal de 45 p. 100 à 30 ou 35 p. 100 au cours du premier semestre de 1993.
Ces difficultés ont mis en relief, par contraste, le potentiel de l'accord de libre-échange nord-américain[...]
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Écrit par
- Tristan DOELNITZ : journaliste économique et financier
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