- 1. Un cycle économique atypique
- 2. Les pesanteurs du désendettement
- 3. Vers un retour à Keynes ?
- 4. Le combat pour l'union monétaire
- 5. Les suites de Maastricht
- 6. Les pays de l'Est au plus profond de la crise
- 7. Une communauté de « proches étrangers »
- 8. L'exubérance de l'Asie
- 9. L'Afrique affectée par la sécheresse et le surpeuplement
- 10. Difficile intégration en Amérique latine
ÉCONOMIE MONDIALE 1992 : vers un nouveau modèle de croissance?
Les pesanteurs du désendettement
Une des principales causes de l'atonie conjoncturelle en 1992 aura été la lenteur de l'expansion du crédit, ce qui a suscité des critiques sur le comportement des banques. Le plus souvent, toutefois, le phénomène était dû au comportement des ménages et des entreprises, qui ont poursuivi leur désendettement face aux incertitudes de la conjoncture. Les uns et les autres assainissaient de la sorte des situations obérées à la suite de la déréglementation des marchés financiers au cours des années 1980. C'est ainsi que, après l'ouverture des marchés des titres de créance, les entreprises ont délaissé les banques (selon le processus de « désintermédiation »), lesquelles se sont efforcées de compenser cette perte d'activité par la promotion des prêts à la consommation, relâchant à cette occasion les normes de crédit.
Le plus important, cependant, n'est pas le montant de l'endettement brut ni celui du service de la dette en fonction du revenu, c'est le rapport entre actif et passif. Le problème se posait donc en fonction du niveau des valeurs boursières et immobilières. Dans le premier domaine, la situation s'est améliorée aux États-Unis. Les cours à Wall Street se sont, en 1992, maintenus peu en dessous des records atteints à la fin de 1991, pour atteindre de nouveaux points hauts dans les derniers mois de l'année.
Le cours des actions a été plus hésitant en Europe, notamment au second semestre. Il est demeuré déprimé au Japon. Compte tenu de la priorité donnée dans la plupart des pays au contrôle de l'inflation, l'effet restrictif de la restructuration des bilans des ménages et des entreprises a coïncidé initialement avec les objectifs de la politique monétaire. Mais, comme la reprise des affaires tardait à se manifester et que la situation de l'emploi continuait de se dégrader, il est apparu que le processus avait déprimé la demande au-delà de ce qui avait été escompté. Les pays qui disposaient d'une politique de change indépendante, notamment les États-Unis, le Japon, l'Australie et le Royaume-Uni à la fin de l'année, se sont efforcés d'atténuer ce phénomène par un assouplissement de leur politique monétaire. L'effet stimulant qui en était attendu sur l'activité de la construction n'a pas eu lieu, en raison des conséquences de la montée du chômage sur la demande de logements et de l'offre pléthorique de locaux industriels et commerciaux.
La politique monétaire est ainsi apparue impuissante à relancer la conjoncture, soit que ses effets eussent été neutralisés par des aspects particuliers de la situation du moment, soit que la tension sur les prix eût interdit l'assouplissement, comme ce fut le cas, directement ou à travers les préoccupations monétaires, en Europe.
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Écrit par
- Tristan DOELNITZ : journaliste économique et financier
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