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ÉCONOMIE MONDIALE 1992 : vers un nouveau modèle de croissance?

Le combat pour l'union monétaire

En dépit de ce distinguo, le gouvernement britannique marquait toute la distance qui le séparait désormais de la rigueur assignée aux pays engagés en direction de l'Union économique et monétaire. Le traité de Maastricht, dont c'était la principale disposition, a été signé le 7 février 1992. La ratification par les douze États membres de la Communauté européenne (C.E.) ne semblait pas devoir poser problème. Il a fallu déchanter avec son rejet, le 2 juin, par 50,7 p. 100 des Danois consultés par référendum. La décision annoncée le lendemain par François Mitterrand d'adopter la même procédure en France a aussitôt créé un climat d'incertitudes. L'enjeu de la consultation a rapidement dévié en effet vers le terrain politique : elle se présentait désormais pour certains comme un plébiscite pour l'action du président de la République, compromettant la cause de l'Europe dans un pays qui jusqu'alors en avait été un des plus fermes soutiens. Le parti que pouvait en prendre la spéculation monétaire a été intensifié par la décision de la Bundesbank de porter le taux d'escompte au niveau record de 8,75 p. 100. Le renforcement du deutsche Mark qui en est résulté ne pouvait que fragiliser les devises les plus faibles du S.M.E. Une probabilité renforcée par les sondages d'opinion indiquant, en juillet et août, que plus de 50 p. 100 des Français étaient en faveur du non.

Les premiers doutes sur la validité de la démarche adoptée à Maastricht avaient été formulés par un rapport de la Banque des règlements internationaux (B.R.I.). Ce document, rendu public le 15 juin, qualifiait de « douteuse » la proposition selon laquelle « une union monétaire considérée essentiellement comme un tremplin vers l'union politique devrait être présentée comme le développement nécessaire du programme de réalisation du marché intérieur ».

La tempête sur les marchés des changes s'est déclarée au début de septembre. La première victime est, le 8, le markka finlandais, contraint de décrocher de l'écu auquel il était rattaché de facto. Cela déstabilise l'ensemble des monnaies nordiques et la Banque de Suède doit porter son taux d'intervention de 24 à 75 p. 100. Le 13, la lire est dévaluée de 7 p. 100. C'est le premier réalignement au sein du S.M.E. depuis 1987. Le lendemain, la Bundesbank réduit son taux d'escompte d'un demi-point et son taux lombard d'un quart de point. Ces baisses, ayant été jugées insuffisantes dans les salles de marché, produisent l'effet contraire de ce qui était recherché. La spéculation redouble contre les devises les plus faibles du dispositif communautaire. Le 16 septembre, les interventions des banques centrales ne parviennent pas à redresser la livre, la lire et la peseta, qui sont tombées en dessous de leur cours plancher du S.M.E. Après avoir relevé en vain son taux de 10 à 15 p. 100, la Grande-Bretagne retire sa monnaie du mécanisme de change européen. La Suède est contrainte de porter son taux à 500 p. 100. Le 17, le comité monétaire de Bruxelles retire la lire du système, à titre temporaire. La peseta est dévaluée de 5 p. 100.

C'est alors que l'offensive se tourne contre le franc. On est à trois jours du référendum en France. Le 18, la Banque de France emprunte 56 milliards de francs à la Bundesbank et aux banques pour soutenir la devise, mais en vain. Ses réserves sont sérieusement entamées. La faible majorité du oui au référendum, le 20 septembre, ne calme pas la spéculation. Celle-ci n'est vaincue que le 23, à la suite d'une déclaration conjointe de la Banque de France et de la Bundesbank affirmant que la parité franc-mark sera défendue. Simultanément, la France a relevé ses taux et la « Buba » est intervenue sur le marché. Ces événements seront interprétés comme l'expression[...]

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