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ÉCONOMIE MONDIALE 1992 : vers un nouveau modèle de croissance?

Les suites de Maastricht

La tourmente monétaire a inspiré, au sein du parti conservateur britannique, de vives oppositions à la politique européenne de John Major. Celui-ci n'a échappé à la censure parlementaire qu'en prenant ses distances à l'égard du traité de Maastricht : la ratification par le Royaume-Uni n'interviendra qu'après le nouveau référendum danois, prévu pour mai 1993. L'engagement en faveur de ce texte n'en a pas moins été confirmé par les Douze au Conseil européen, le dernier de la présidence britannique, en décembre à Édimbourg. Les Premiers ministres de Suède, de Finlande et de Norvège, trois pays candidats à la Communauté européenne, se sont engagés, le 29 décembre, à se conformer à toutes les dispositions du traité de Maastricht. Ils ne suivront donc pas l'exemple du Danemark, qui a demandé, et obtenu, de se soustraire à certaines d'entre elles, notamment en matières de monnaie et de défense.

Les ministres des Affaires étrangères de la C.E. et de l'A.E.L.E. (Association européenne de libre-échange) ont signé, le 2 mai, un traité créant l'Espace économique européen (E.E.E.). En vertu de ce texte, l'Autriche, l'Islande, le Liechtenstein, la Suisse et les trois pays nordiques candidats à la C.E. adopteront l'ensemble de la législation des Douze relative aux « quatre libertés », à savoir la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux. L'E.E.E., avec 380 millions de consommateurs, représentera dès 1993 la plus grande zone commerciale du monde. N'en seront exclues, par rapport au dispositif communautaire, que la politique agricole commune (P.A.C.), les mesures fiscales et l'intégration monétaire. Mais, une fois de plus, une note discordante s'est fait entendre : les Suisses ont rejeté par référendum l'appartenance à l'E.E.E., le 6 décembre, alors que le Parlement de Berne l'avait approuvée le 23 septembre.

L'autre fait majeur pour la C.E. en 1992 a été la réforme de l'Europe verte, le 21 mai. La P.A.C., adoptée dix ans plus tôt, était la seule politique sectorielle de la Communauté. Son maintien en l'état était devenu difficilement supportable en raison de la montée des excédents qu'elle avait engendrés et dont le financement absorbait plus de 60 p. 100 du budget communautaire. Par ailleurs, les subventions aux exportations, corollaire du système de prix de soutien élevés, faisaient obstacle à un accord sur le volet agricole de l'Uruguay Round, provoquant de vives tensions avec les États-Unis. En conséquence de la réforme, le prix d'intervention des céréales sera diminué de 29 p. 100 en trois ans (revenant ainsi à un niveau proche du cours mondial), et les producteurs seront tenus de mettre 15 p. 100 de leurs terres en jachère. De même, le prix d'intervention de la viande bovine sera diminué de 15 p. 100 et un système de primes favorisera l'élevage extensif. La taxe de coresponsabilité, qui grevait lourdement les budgets des agriculteurs, sera supprimée dès la campagne 1992-1993. Le manque à gagner pour les exploitants sera compensé par un soutien direct aux revenus. C'était le système auquel la Grande-Bretagne dut renoncer pour pouvoir être intégrée à la C.E.E., en 1973.

C'est au terme d'une année particulièrement chargée de difficultés et d'événements imprévus que le marché unique s'est ouvert, le ler janvier 1993. Les frontières entre les Douze étaient alors réduites à peu de choses.

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