- 1. Un cycle économique atypique
- 2. Les pesanteurs du désendettement
- 3. Vers un retour à Keynes ?
- 4. Le combat pour l'union monétaire
- 5. Les suites de Maastricht
- 6. Les pays de l'Est au plus profond de la crise
- 7. Une communauté de « proches étrangers »
- 8. L'exubérance de l'Asie
- 9. L'Afrique affectée par la sécheresse et le surpeuplement
- 10. Difficile intégration en Amérique latine
ÉCONOMIE MONDIALE 1992 : vers un nouveau modèle de croissance?
L'exubérance de l'Asie
La performance économique de l'Asie dans son ensemble est demeurée, en 1992, nettement supérieure à celle du reste du monde. Si l'on excepte le Japon (classé habituellement parmi les pays industrialisés), la croissance des pays de ce continent devait atteindre plus de 7 p. 100 sur l'ensemble de l'année, selon la Banque asiatique de développement, contre 5,8 p. 100 en 1991. Le chiffre reflétait toutefois le boom économique de la Chine ; abstraction faite de cette dernière, la croissance de l'Asie n'aura été que de 5,2 p. 100, un progrès nettement inférieur à celui de l'année précédente.
Un rapport de l'O.C.D.E. consacré aux six « dragons » – Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, Singapour, Thaïlande et Malaisie – constate en 1992 que leur croissance s'est ralentie de 1 point, à 6,5 p. 100, mais attribue ce fait à la mise en œuvre de politiques restrictives destinées à faire face à la pénurie de main-d'œuvre et à l'inflation.
La continuité des progrès accomplis par ce continent donne à penser aux économistes du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (C.E.P.I.I.) que l'Asie développée (Japon, Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan) sera, à la fin du siècle, la première puissance industrielle, assurant près de 27 p. 100 de la production mondiale (35 p. 100 pour l'ensemble du continent), loin devant l'Europe de l'Ouest (24,6 p. 100) et l'Amérique du Nord (18 p. 100).
L'éclatement de l'Union soviétique a eu, en 1992, plusieurs conséquences en Asie : regroupement et tendances centrifuges parmi les nouvelles républiques d'Asie centrale, recherche par la Russie d'une coopération du côté de sa façade orientale, recentrage de l'A.S.E.A.N. sur des objectifs économiques.
Des républiques de la C.E.I., le Turkménistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et l'Azerbaïdjan, ainsi que l'Afghanistan, ont rejoint le 28 novembre, l'Organisation de coopération économique (O.C.E.) qui unit la Turquie, l'Iran et le Pakistan. Le Kazakhstan y aura un statut d'observateur. Ce regroupement pourrait redonner vie à une organisation en sommeil depuis une vingtaine d'années en raison des rivalités entre Ankara et Téhéran. La Turquie voyait ainsi la possibilité pour sa diplomatie de compenser ses échecs du côté de la Communauté européenne. Son ambition de devenir un trait d'union entre l'Europe et l'Asie s'était déjà concrétisée par la signature, le 25 juin, dans l'ancienne capitale ottomane, de la déclaration d'Istanbul, portant création d'une « zone de coopération économique en mer Noire ». Cette zone associait dix pays riverains ou voisins : la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Russie, l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Grèce.
L'O.C.E. élargie ne comprenait, en revanche, que des nations musulmanes, caractéristique à propos de laquelle vont s'affronter le fondamentalisme iranien et la laïcité turque. L'Iran, bénéficiant de sa frontière commune avec le Turkménistan et de liens linguistiques avec le Tadjikistan, s'est efforcé de mettre à profit la renaissance du sentiment religieux dans les anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale. Pour sa part, la Turquie a des relations ethniques avec le Turkménistan, l'Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Kirghizstan ; il lui est en revanche difficile de jouer sur la corde nationaliste auprès de pays dont les frontières avaient été habilement découpées par l'U.R.S.S. de façon à créer, dans chacun d'eux, d'importantes minorités permettant de mieux asseoir le pouvoir de Moscou.
Les conditions d'une coopération en Asie du Nord-Est se sont précisées[...]
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Écrit par
- Tristan DOELNITZ : journaliste économique et financier
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