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ÉCONOMIE MONDIALE 1993 : une nouvelle année de purgatoire

Extension du régionalisme commercial

L'année 1993 a été riche en événements renforçant la tendance, amorcée au milieu des années 1980, à la concentration des échanges commerciaux dans le cadre régional. En Europe, le mouvement s'est manifesté le 1er novembre, par l'entrée en vigueur du traité de Maastricht instituant l'Union européenne, le 13 décembre, par l'inauguration de l'Espace économique européen et, une semaine plus tard, par l'ouverture du dossier des demandes d'adhésion de quatre pays, l'Autriche, la Finlande, la Norvège et la Suède. L'objectif, pour ces derniers, était d'achever les négociations au plus tard en mars 1994, en vue de parvenir à des adhésions effectives le 1er janvier 1995. Les principales divergences concernaient la reprise par les candidats de l'« acquis communautaire », c'est-à-dire l'ensemble des actes juridiques et principes de droit qui fondent la construction européenne. De multiples dérogations étaient demandées par les postulants, qui cherchaient à conserver certains monopoles (alcools, hydrocarbures) ou exceptions (transit des poids lourds), comme à sauvegarder des normes d'environnement ou des protections particulièrement élevées en faveur de leurs agriculteurs.

Le cinquantième Conseil européen a approuvé, le 11 décembre, le Livre blanc du président de la Commission, Jacques Delors, qui proposait 20 milliards d'écus d'investissements sur six ans pour lutter contre le chômage. Sur cette somme, 12 milliards de travaux ont été retenus, 8 milliards devant faire l'objet d'études supplémentaires. En revanche, les Douze ont renoncé à l'imposition d'une taxe sur les émissions de dioxyde de carbone à l'occasion de la ratification de la Convention internationale sur le changement climatique.

L'A.L.E.N.A., visant à la suppression progressive, en quinze ans, des droits de douane et obstacles non tarifaires aux échanges entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, a été approuvé à Washington, le 17 novembre 1993, par la Chambre des représentants et trois jours plus tard par le Sénat. Le Canada avait été le premier des trois pays signataires à ratifier l'A.L.E.N.A., le 23 juin, mais la loi n'a été promulguée à Ottawa qu'après d'ultimes mises au point convenues en décembre entre le président Clinton et le nouveau Premier ministre canadien, Jean Chrétien. Le président américain avait précédemment exigé, conformément à ses promesses électorales, la négociation d'accords complémentaires, conclus le 20 août, en matière de protection de l'environnement et de législation du travail.

Le sommet de l'A.P.E.C., qui a réuni quinze dirigeants de la région Asie-Pacifique, le 20 novembre 1993, à Seattle, a couronné une démarche plus ambitieuse, mais de conception moins précise. L'administration Clinton, estimant que le centre de gravité de l'économie mondiale s'était déplacé vers l'Asie, entendait « récupérer » ce mouvement sous le leadership américain. Cette intention a été clairement perçue par les participants asiatiques à ce forum d'une semaine, ce qui a empêché l'engagement souhaité par Washington en faveur d'une zone de libre-échange. Les seules décisions concrètes ont été de prévoir un deuxième sommet(en Indonésie en 1994) et d'admettre trois nouveaux membres : le Mexique et la Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1993, et le Chili l'année suivante. Conçue, à l'origine, comme un moyen de faire participer les pays occidentaux de la région à la concertation asiatique (c'était une idée de l'ancien Premier ministre australien Bob Hawke), l'A.P.E.C. s'orientait vers un rôle plus politique, dans la mesure permise par la diversité des pays membres. Bill Clinton s'en est servi[...]

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