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ÉCONOMIE MONDIALE 1993 : une nouvelle année de purgatoire

Un continent « en perdition »

La situation économique de l'Afrique s'est, une fois de plus, dégradée au cours de l'année 1993. Sa croissance est demeurée très faible au regard de la poussée démographique. Elle a été évaluée par le F.M.I. à 1,6 p. 100, contre 0,4 p. 100 en 1992. Pour Michel Camdessus, directeur général du F.M.I., elle apparaissait comme « un continent en perdition ». Ayachi Yaker, secrétaire général adjoint de l'O.N.U. et secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, a fait état, le 25 octobre, de sa situation « dramatique ». Selon une étude présentée le 12 novembre à la vingt-septième session de la Conférence de la F.A.O. (Food and Agriculture Organization), au cours des vingt prochaines années le fléau de la sous-alimentation chronique devait tendre à se déplacer de l'Asie du Sud vers l'Afrique subsaharienne, où 300 millions de personnes seront affectées.

Une quinzaine de pays donateurs et d'institutions internationales ont promis, le 20 octobre, au siège européen de la Banque mondiale à Paris, une aide de 5,5 milliards de dollars aux vingt-sept pays africains les plus pauvres engagés dans un programme de réformes économiques.

Les pays africains de la zone franc ont accepté en janvier 1994 une dévaluation du franc CFA, dont la parité a été ainsi réduite à 0,025 franc français. Cette mesure, justifiée par la dégradation du solde extérieur de ces pays, était réclamée officieusement depuis plusieurs années par le F.M.I.

L'économie des pays arabes, qui avait connu un véritable boom en 1992 avec une croissance de 14 p. 100 due à la reconstruction du Koweït et à une forte hausse (6,7 p. 100) des recettes pétrolières (94,6 milliards de dollars), s'est sensiblement ralentie en 1993, sa croissance étant évaluée à 4 p. 100 par le Fonds monétaire arabe (F.M.A.). Cette institution a estimé, dans son rapport annuel publié le 2 septembre, que l'économie de ces pays s'est remise des conséquences de la guerre du Golfe et qu'elle « est entrée dans une nouvelle phase depuis 1992 grâce à la reconstruction et à la poursuite des réformes économiques ».

Le F.M.A. a toutefois publié en 1993 deux rapports faisant état d'évolutions structurelles défavorables dans le monde arabe. Un de ces documents, en date du 2 juillet, a signalé que les investissements intérieurs arabes ont fortement chuté au cours des douze dernières années en raison de la baisse du prix du pétrole et de l'achèvement d'importants programmes d'infrastructure dans le Golfe. Après avoir atteint près de 116 milliards de dollars en 1980, ces investissements sont revenus à 84 milliards en 1991. La baisse a été particulièrement importante dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Koweït, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Oman), ainsi qu'en Irak, en Libye et en Algérie. Dans une autre étude, publiée le 5 septembre, le F.M.A. a signalé que le commerce interarabe, après avoir augmenté de 13 p. 100 par an entre 1986 et 1989, a chuté de 14 p. 100 en 1991 et a continué de se contracter, dans une moindre mesure (non précisée), en 1992. Cette dernière baisse — attribuée aux conséquences de l'invasion du Koweït par l'Irak — est intervenue alors que les échanges globaux des pays arabes avaient atteint le chiffre le plus élevé depuis dix ans : 244 milliards de dollars, contre 230 milliards en 1991. Les vingt et un pays de la Ligue arabe sont convenus, au début d'avril, de la nécessité de réduire entre eux les obstacles douaniers au commerce, celui-ci ne représentant que 8 p. 100 de leurs échanges extérieurs totaux. Toutefois, les ministres de l'Économie et des Finances des pays du C.C.G., réunis le 26 octobre à Riyadh, n'ont pas réussi à s'entendre sur un projet d'unification de leurs[...]

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