ÉCONOMIE MONDIALE 1993 : une nouvelle année de purgatoire
Promesses pour les territoires occupés
L'aide à laquelle la communauté internationale s'est engagée à l'égard de l' O.L.P. est apparue comme le meilleur gage de succès pour l'avenir de l'accord avec Israël conclu en août 1993 à Sarpsborg et signé le 13 septembre à Washington. En revanche, les pourparlers politiques, qui se sont poursuivis dans le sud-ouest de la Norvège, n'ont pas permis, en décembre, de rapprocher les deux parties sur des aspects essentiels de l'autonomie de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Les plus urgents concernaient le contrôle des ponts sur le Jourdain et l'étendue du territoire autour de Jéricho sur lequel l'O.L.P. pourrait exercer ses prérogatives administratives. Mais d'autres questions demeuraient sans réponse. Dans quelle mesure l'économie du futur État serait-elle indépendante d'Israël ? Quelle influence serait laissée à la Jordanie, en sa qualité d'ancienne puissance souveraine ? Les dirigeants de Jéricho disposeraientt-ils d'une Banque centrale ? Seraient-ils habilités à établir un tarif douanier, ou devraient-ils accepter l'union douanière souhaitée par Israël ? Qui aurait autorité sur les colonies juives implantées dans les territoires ? Le problème de Jérusalem, revendiquée pour capitale par les deux parties, paraissait le dernier susceptible de se prêter à l'amorce d'une solution.
Puisque l'État hébreu offrait le spectacle d'une apparente prospérité, par contraste avec les pays voisins, la paix devait être gagnée avant tout sur ce terrain. La tâche paraissait considérable. Le revenu individuel moyen des 1,7 million d'habitants de la Cisjordanie et de Gaza n'atteignait que 1 800 dollars par an (selon les chiffres de 1991), 16 p. 100 seulement des 10 878 dollars des Israéliens (le déséquilibre était encore plus accusé pour les 780 000 habitants de Gaza dont le revenu annuel n'était que de 850 dollars). Pour près d'un tiers, l'économie de ces territoires dépendait de la vente de ses produits à Israël et des salaires qu'y obtenaient ses travailleurs. Au contraire, l'économie de ce dernier pays n'était tributaire qu'à concurrence de 3 p. 100 des apports des territoires, un pourcentage qui allait en déclinant en raison de la substitution de la main-d'œuvre au profit des immigrants juifs.
L'agriculture occupait une place importante dans l'économie des territoires : elle contribuait pour un quart au P.I.B., occupait 23 p. 100 de la population active et intervenait pour 60 p. 100 dans les exportations. Les difficultés provoquées par le sous-investissement, les restrictions aux échanges extérieurs et une croissance démographique de 4,7 p. 100 par an avaient été récemment aggravées par la fermeture, pendant cinq mois, de la frontière avec Israël.
La Banque mondiale a évalué, en août 1993, à 3 milliards de dollars sur dix ans les investissements nécessaires à la restauration de l'économie palestinienne. Pour tenir compte du coût du rapatriement des Palestiniens émigrés, le chiffre a été révisé, en octobre, à 550 millions de dollars par an pendant cinq ans. Les représentants de quarante-sept pays, réunis à Washington le 1er octobre, se sont engagés à allouer aux territoires occupés 600 millions de dollars immédiatement et 400 millions en 1994, sous forme de dons, de prêts et d'assistance technique. Les États-Unis entendaient participer à concurrence de 500 millions de dollars sur cinq ans. La Communauté européenne, qui a versé depuis 1971 plus de 518 millions d'écus aux Palestiniens réfugiés, s'est engagée à hauteur de 500 millions d'écus. Le Japon, un des principaux fournisseurs d'assistance à ces populations avec 27 millions de dollars en 1993, devait fournir 100 millions en 1994. Les pays scandinaves[...]
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Écrit par
- Tristan DOELNITZ : journaliste économique et financier
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