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ÉCONOMIE MONDIALE 1994 : l'assainissement à mi-parcours

L'Amérique latine et l'intégration

L'ensemble des pays latino-américains a poursuivi en 1994 les progrès enregistrés dans les années précédentes grâce à l'assainissement financier chez les principaux d'entre eux, à de nouvelles avancées pour la restructuration de la dette et au retour des capitaux privés. La croissance — 3,7 p. 100, contre 3,2 p. 100 en 1993 — a été la plus élevée depuis huit ans. Le P.I.B. par habitant, après une progression de 1,8 p. 100, a presque retrouvé le niveau de 1980. Dans son rapport annuel, publié à la fin de l'année, la Commission économique pour l'Amérique latine a toutefois estimé que la croissance devrait atteindre au moins 4 p. 100 pour qu'il soit possible de faire reculer la pauvreté dans le sous-continent.

L'année 1994 aura été marquée par le dynamisme accru du mouvement d'intégration économique. Les pôles principaux ont été l'Amérique du Nord, d'une part, et le Brésil, de l'autre, avec pour foyers secondaires la région des Caraïbes et les pays du Pacte andin. Les États-Unis se sont efforcés de maintenir leur rôle fédérateur dans le cadre du sommet des Amériques (Miami, 10 et 11 déc.), à l'issue duquel les dirigeants de trente-quatre pays se sont engagés à établir entre eux le libre-échange à l'échéance de 2005. Une ambition justifiée par le fait que les échanges de ces pays ont crû plus rapidement que leurs économies : 5 p. 100 et 3,5 p. 100 respectivement, en moyenne, au cours des quatre précédentes années.

Malgré des progrès souvent spectaculaires, l'Amérique latine demeurait confrontée au problème de la pauvreté, source d'instabilité sociale comme l'a expérimenté le Mexique à partir de janvier 1994 avec la révolte des Indiens du Chiapas. Le dirigeant régional de la Banque mondiale, Sebastian Edwards, a estimé que les flux d'investissement dans les infrastructures ne représentaient que 4 p. 100 du P.I.B. en Amérique latine, contre 7 à 8 p. 100 en Asie. Le stock des investissements en ce domaine a été évalué à 20 p. 100 et 35 p. 100 du total, respectivement.

Les chefs d'État d'Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay ont signé le 17 décembre 1994, à Ouro Preto, au Brésil, un protocole fixant les règles de fonctionnement, à partir du 1er janvier 1995, du Mercosur. Le principe de ce marché commun qui associe leurs économies avait été décidé par le traité d'Asunción (Paraguay) le 26 mars 1991. Ils se sont donné six mois pour discuter de l'éventuel élargissement du pacte à la Bolivie et au Chili. Ce dernier avait été invité une semaine auparavant au sommet de Miami à rejoindre l'A.L.E.N.A., l'Association de libre-échange nord-américaine. Les barrières tarifaires entre les quatre pays devaient être éliminées, dès l'entrée en vigueur du protocole, sur environ 85 p. 100 de leurs échanges. Mais le Brésil et l'Argentine, qui dominent le groupe dans la proportion de 90 p. 100, n'ont pas éliminé leurs divergences tenant aux disparités de leurs structures économiques. Contrairement au souhait des Argentins, le tarif extérieur commun maintiendra jusqu'en 2005 une protection de 14 à 16 p. 100 sur les importations de biens de haute technologie. Les autres droits varieront entre 0 et 20 p. 100.

La Colombie, le Mexique et le Venezuela ont signé à la mi-juin 1994 à Carthagène un traité de libre-échange devant entrer en vigueur également le 1er janvier 1995. Ce « Groupe des Trois » a fait partie des vingt-deux pays qui ont signé le 25 juillet, dans la même ville de Colombie, un accord de libre-échange dans le cadre de l'Association des États des Caraïbes. Celui-ci inclut Cuba, Haïti, la république Dominicaine, les États d'Amérique centrale (Guatemala, Salvador, Nicaragua, Honduras[...]

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