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ÉCONOMIE MONDIALE 1995 : vers une redistribution des ressources mondiales

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La maîtrise de l'inflation

Les principales analyses de l'économie mondiale en 1995 font à peine mention de la politique monétaire. L'inflation, en effet, est généralement maîtrisée dans les pays industrialisés, et la baisse des taux d'intérêt est intervenue en fonction de deux paramètres : d'une part, le succès de la politique budgétaire et, d'autre part, le maintien de l'activité à distance raisonnable des risques de surchauffe ou de récession. En Europe, où la Bundesbank mène le jeu, le premier critère a dominé, bien que la générosité des augmentations de salaires ait joué dans un sens contraire à la détente. Aux États-Unis, le Conseil de la Réserve fédérale a mis fin en juillet à l'« attaque préemptive » contre l'inflation engagée en 1994, en abaissant d'un quart de point, à 5,75 p. 100, le taux des fonds fédéraux. Cela a valu à Alan Greenspan, le président de la Fed, les félicitations des observateurs pour son sens de l'anticipation : les États-Unis, grâce à un assouplissement monétaire décidé avant que la cote d'alerte soit atteinte, paraissaient avoir réussi leur « atterrissage en douceur ».

La conjoncture en 1995 est demeurée soutenue par les échanges internationaux. L'Organisation mondiale du commerce (O.M.C.), qui succède officiellement au G.A.T.T. le 1er janvier 1996, estime leur croissance en 1995, pour les marchandises, à 8 p. 100 en volume. Ce taux, en légère baisse par rapport au record de 9,5 p. 100 enregistré en 1994, est trois fois supérieur à la croissance de la production. Un accord intérimaire sur les échanges de services financiers a été adopté le 28 juillet dans le cadre de l'O.M.C. par quelque quatre-vingt-dix pays. Les États-Unis se sont abstenus, faute d'avoir obtenu des pays en développement, notamment ceux d'Asie, les concessions qu'ils jugeaient indispensables.

C'est dans le domaine financier qu'ont été enregistrées les principales perturbations de l'ordre économique mondial en 1995 : une nouvelle crise au Mexique, l'affrontement entre les États-Unis et le Japon par yen et dollar interposés, enfin, des menaces sur le système bancaire japonais.

La crise mexicaine, dont le détonateur fut la dévaluation de 15 p. 100 du peso le 20 décembre 1994, a été due à la combinaison de plusieurs facteurs : troubles politiques dans la province du Chiapas, gonflement de la dette indexée sur le dollar (une dette devenue suspecte à qui se souvenait de la suspension de la convertibilité lors de la crise de 1982), gonflement incontrôlable du commerce extérieur, non-crédibilité du premier plan de stabilisation. Une assistance internationale totalisant 37,8 milliards de dollars (dont 20 milliards fournis par les États-Unis) a permis de rétablir la confiance à la mi-janvier 1995. L'événement a mis en lumière l'inefficacité de la surveillance que le F.M.I. était censé exercer : l'institution a fait son mea culpa, à l'occasion de son assemblée annuelle en octobre à Washington, et a renforcé son dispositif en la matière.

La démonstration a aussi été faite que, à l'instar des transactions visibles et invisibles, les crises financières ont désormais tendance à prendre une dimension globale. En l'occurrence, on a parlé de l'« effet tequila » pour évoquer l'onde de choc qui, partie du Mexique, a gagné d'autres pays d'Amérique latine, en particulier l'Argentine et le Venezuela. Les systèmes bancaires y étaient trop vulnérables, en l'absence des réglementations adéquates (notamment en matière de ratios de fonds propres) pour résister à l'inquiétude des déposants : la crise de l'endettement des années 1980 n'avait pas été oubliée.

Mais l'Asie du Sud a résisté à la contagion, bien que ses marchés émergents[...]

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