- 1. Le contrat avec l'Amérique
- 2. La maîtrise de l'inflation
- 3. La remontée du dollar
- 4. La reprise en main de l'aide au développement
- 5. Vers la naissance de l'euro
- 6. Amérique latine : l'intégration à petits pas
- 7. Asie : pragmatisme et coopération
- 8. Incertitudes au Proche-Orient
- 9. Afrique : à la recherche de la rigueur financière
ÉCONOMIE MONDIALE 1995 : vers une redistribution des ressources mondiales
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La reprise en main de l'aide au développement
Un décès et un anniversaire ont été, en 1995, l'occasion pour les États-Unis de donner une impulsion plus volontariste à l'aide au développement. La mort du président de la Banque mondiale, Lewis Preston, le 4 mai, a marqué la fin d'une première étape dans le resserrement de la gestion de cette institution et le début d'une ère nouvelle. Le président américain, à qui il appartient de désigner le président du plus gros prêteur mondial, a fait appel à James Wolfensohn, financier (il présidait une banque d'affaires portant son nom) et animateur culturel (il dirigeait le Kennedy Center de Washington). Ayant pris ses fonctions le 1er juin, il a dévoilé quatre mois plus tard les grandes lignes d'un plan de réformes qui prévoit notamment de porter de trois à cinq le nombre de directeurs généraux, pour mieux coordonner et contrôler les activités des dix-neuf vice-présidents (eux-mêmes à la tête d'autant de « baronnies », selon certains).
Lors du cinquantième anniversaire des Nations unies, le 26 juin, le président Clinton a réaffirmé l'engagement des États-Unis à leur égard. Mais dix jours auparavant, au sommet de Halifax, il avait fait adopter, sous la pression du Congrès, la décision de réexaminer le rôle de la C.N.U.C.E.D. (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), de l'O.N.U.D.I. (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) et des commissions économiques régionales. À Washington, on reprochait aux deux premières d'avoir privilégié les aspects idéologiques du développement aux dépens des principes de l'économie de marché. Les contraintes budgétaires américaines ajoutaient aux incertitudes planant désormais sur l'avenir de ces institutions.
Quelques mois après avoir pris ses nouvelles fonctions, James Wolfensohn s'est trouvé mêlé à une controverse entre son organisation et le F.M.I. Une « fuite » dans la presse britannique a fait état, le 14 septembre, d'un projet de la Banque mondiale de créer un fonds d'environ 11 milliards de dollars, cofinancé par le F.M.I. et des contributions bilatérales, pour effacer la dette des pays les plus pauvres. Or le F.M.I. venait de publier dans son rapport annuel un projet concurrent, consistant à assurer, au bénéfice des mêmes pays, le financement de la facilité d'ajustement structurel renforcé jusqu'à son autofinancement (par les remboursements) prévu à partir de 1996. Le projet de la Banque mondiale, qualifié plus tard de « document de travail parmi d'autres », était en fait incompatible avec le principe de la conditionnalité auquel le F.M.I. demeurait attaché, considérant qu'un effacement de dette pur et simple serait une prime donnée aux mauvais payeurs qui ne ressentiraient dès lors plus d'incitation à réformer leur économie.
Le besoin d'un effort supplémentaire en faveur des pays en développement apparaissait pourtant nécessaire. Selon l'Institut de finance internationale de Washington, représentant les principales banques et institutions financières internationales, les flux de capitaux vers ces pays devaient se réduire en 1995 à 133 milliards de dollars, contre 174,4 milliards en 1994. La diminution était encore plus accusée pour les capitaux privés, dont les flux devaient revenir à 81,9 milliards de dollars, deux fois moins qu'en 1994. La Conférence de Copenhague sur la lutte contre la pauvreté, qui a réuni cent vingt et un chefs d'État et de gouvernement, sous l'égide des Nations unies, a donné lieu aux récriminations habituelles des représentants du Tiers Monde contre les pays riches. Elle s'est terminée le 12 mars 1995 par la publication d'un communiqué en dix points invitant ces derniers à consacrer 0,7 p. 100 de leur P.I.B. à l'aide au développement.[...]
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Écrit par
- Tristan DOELNITZ : journaliste économique et financier
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