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ÉCONOMIE MONDIALE 1995 : vers une redistribution des ressources mondiales

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Asie : pragmatisme et coopération

Les dix-huit pays membres de l'A.P.E.C. (Coopération économique des pays d'Asie-Pacifique) ont renouvelé en novembre 1995 à Ōsaka l'engagement qu'ils avaient pris un an auparavant à leur sommet de Bogor, près de Djakarta, de réaliser entre eux le libre-échange à l'horizon de 2020. Toutefois, le pragmatisme asiatique l'a emporté sur l'approche juridique et contraignante que les États-Unis voulaient donner à ce projet. L'aspect le plus notable de la réunion a été l'engagement pris par la Chine (pour favoriser sa candidature à l'O.M.C.) de réduire de 36 à environ 25 p. 100 le niveau moyen de son tarif douanier sur quelque quatre mille articles. Au lendemain de ce sommet, l'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, l'Australie et Hong Kong ont décidé, à l'initiative de cette dernière, de constituer un réseau de soutien monétaire mutuel sous forme de prises en pension de bons du Trésor américain détenus par leurs banques centrales respectives. Ce dispositif, auquel se sont jointes les Philippines, répondait à la crainte d'une contagion possible vers l'Asie des remous financiers provoqués par la crise mexicaine.

Les six États membres de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (A.S.E.A.N.) – Brunéi, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour et Thaïlande – en ont admis en juillet un septième, le Vietnam. Le fait était d'autant plus remarquable que cette organisation avait été créée en 1967 pour faire obstacle à la pénétration du communisme dans la région. À l'issue de leur cinquième sommet, le 15 décembre à Bangkok, les représentants des sept pays ont formalisé dans une déclaration commune leur intention de réduire à 5 p. 100 au maximum les droits de douane applicables à leurs échanges, au plus tard en 2003 et si possible dès 2000. Ils ont également préparé l'admission du Laos, de la Birmanie et du Cambodge avant la fin du siècle.

Un accord sur l'utilisation des eaux du Mékong a été signé le 5 avril à Chiang Rai, dans le nord de la Thaïlande, par quatre États riverains, la Thaïlande, le Vietnam, le Cambodge et le Laos. Reprenant les objectifs du Comité du Mékong constitué en 1957 par les trois pays de l'Indochine et la Thaïlande, ce pacte prévoit une coopération des signataires pour l'utilisation des eaux de ce fleuve en fonction des besoins et du débit. Il a été ensuite étendu à la Birmanie et à la province chinoise du Yunnan, avec l'objectif, soutenu par la Banque asiatique de développement, d'attirer des capitaux en vue de développer la région.

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