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ÉCONOMIE MONDIALE 1996 : sur la voie de la convergence

Les handicaps de l'Europe

Dans ses Perspectives économiques mondiales publiées en septembre, le F.M.I. a rappelé qu'au cours des vingt-cinq précédentes années, l'emploi s'est accru de 60 p. 100 aux États-Unis et de 11 p. 100 seulement en Europe, où le secteur privé n'a contribué que pour 5 p. 100. L'Europe, note-t-il, est pénalisée en la matière par divers handicaps : rigidité de la structure salariale et du marché du travail, hausse des rémunérations réelles quatre fois plus élevées qu'outre-Atlantique. Ce dernier point apparaît comme une conséquence perverse des gains de productivité : les travailleurs ayant conservé leur emploi ont vu par là même leur position renforcée dans les négociations salariales. Aux problèmes d'ordre structurel se sont ajoutées les difficultés de la conjoncture liées aux contraintes budgétaires posées par le traité de Maastricht.

Ces dernières expliquent pour une bonne part, en France, la différence entre le taux effectif de chômage, qui a atteint 12,7 p. 100 en 1996, et le taux « structurel », évalué par l'O.C.D.E. à 8,5 p. 100. Le déficit budgétaire du pays a été réduit à 288 milliards de francs, soit 4,1 p. 100 du P.I.B., contre 4,8 p. 100 l'année précédente. Les conséquences des grèves de décembre 1995 provoquées par le projet de réforme de la Sécurité sociale n'ont pas été entièrement compensées, même si le P.I.B. a enregistré une forte croissance au premier trimestre (1,2 p. 100). L'essentiel du modeste progrès de l'activité a été dû aux ménages, dont la consommation a augmenté de 2,4 p. 100 (1,1 point de plus que le P.I.B.), contre 1,8 p. 100 en 1995, et dont les investissements ont été en hausse de 2 p. 100 (contre 3 p. 100 précédemment). Selon les calculs de l'I.N.S.E.E., la confiance des consommateurs était en sensible hausse à la fin de l'année.

Et pourtant le pessimisme des entreprises les a conduites à fort peu contribuer à la croissance en 1996. Le déstockage a fortement pesé sur la conjoncture. L'investissement des entreprises, qui avait augmenté de 4,2 p. 100 en 1995, a stagné sous l'effet de deux autres facteurs : l'augmentation de la durée d'utilisation des équipements (4,6 p. 100 en deux ans) en raison d'une flexibilité accrue du système productif, et la hausse tendancielle du taux d'emploi des capacités de production (83 p. 100 en 1996, contre 80 p. 100 en 1990). Le souci d'améliorer leur situation financière, notamment par une réduction de leur endettement, l‘a emporté chez les entreprises sur celui de pouvoir répondre au regain de la demande à partir de 1997. Elle ont bénéficié de la baisse des taux d'intérêt et de la flexibilité accrue de la masse salariale. La part des salaires dans la valeur ajoutée a continué de s'effriter, selon une tendance amorcée vers le milieu des années 1970.

Liée à la France par une même détermination à réaliser l'Union monétaire, l'Allemagne suit en fait un parcours économique désormais parallèle. Son taux de chômage était en fin d'année 1996 encore un peu inférieur (10,7 p. 100), mais les estimations et prévisions de croissance sont voisines : pour 1996, selon l'O.C.D.E., 1,1 p. 100 en Allemagne et 1,3 p. 100 en France ; pour 1997, 2,2 p. 100 pour la première et 2,5 p. 100 pour la seconde. Les deux pays avaient annoncé en début d'année des plans de relance qui n'ont guère eu d'effet de part et d'autre du Rhin. Le Bureau fédéral de la statistique a cependant estimé, au début de 1997, que le cycle économique était reparti sur une pente ascendante à la fin de 1995 et au début de 1996. Mais la manifestation n'en a été sensible qu'à partir du printemps, et de façon trop faible pour redresser les principaux résultats : le chiffre de la croissance[...]

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