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ÉCONOMIE MONDIALE 1997 : la crise asiatique

La fin du « miracle » asiatique ?

La crise monétaire qui a pris naissance en Thaïlande au début de juillet s'est rapidement étendue, par un « effet domino », à trois autres économies dynamiques d'Asie (E.D.A.), les Philippines, la Malaisie et l'Indonésie. Mais l'événement a bientôt pris de telles proportions que les prévisions pour l'économie internationale allaient être remises en cause. La contagion avait en effet gagné le Japon et la Corée du Sud, dont les économies se situaient, respectivement, au deuxième et au onzième rang mondial.

Quelques acteurs de la scène asiatique, en particulier la Chine, l'Inde et dans une moindre mesure Taiwan et Singapour, ont échappé à la tourmente, le plus souvent, comme dans le cas des deux premiers, en raison du caractère fermé de leur économie. Les pays qui allaient être les plus exposés ont, quant à eux, bénéficié au premier semestre de la progression de leurs exportations sous l'effet du raffermissement de la demande mondiale amorcé vers le milieu de 1996. Mais le ver était dans le fruit.

Ces bons résultats ont contribué à la crise, dans la mesure où ils ont incité les investisseurs internationaux à financer le développement accéléré des E.D.A. : les performances enregistrées par Hong Kong, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et Taiwan leur tenaient lieu de garanties. Selon la Banque des règlements internationaux, les flux bancaires « consortiaux » (c'est-à-dire accordés par au moins trois banques) vers les pays d'Asie atteignaient au troisième trimestre le chiffre record de 14,1 milliards de dollars. Les « tigres » asiatiques n'ont pas profité de cette manne pour développer leurs infrastructures et ils n'ont pas entrepris de mettre aux normes occidentales leurs systèmes bancaire et financier et leurs cadres juridique et réglementaire. L'attitude qui consiste à abandonner aux pays à bas salaires les productions à faible valeur ajoutée apparaissait, aux yeux de leurs dirigeants, comme la voie menant progressivement au statut d'économie évoluée. Ces derniers ont paru ignorer la nécessité de l'intégration économique, qui en est le corollaire ; mais l'importante intégration commerciale de la zone (les E.D.A. réalisent 40 p. 100 de leurs échanges entre elles) a rendu la crise contagieuse.

Accélérée par les transferts de technologie, la course à la croissance impliquait des déficits extérieurs, qui se trouvaient aisément financés par l'afflux de capitaux étrangers, lui-même stimulé par la vogue des marchés émergents. Ce système a bien fonctionné tant que le dollar, auquel sont ancrées la plupart des monnaies de la région, se trouvait en position de faiblesse. Son regain de vigueur à partir de la mi-1995 a fini par rompre cet équilibre instable. La bulle gonflée par la spéculation dans l'immobilier et à la Bourse allait contribuer à précipiter les événements.

En Thaïlande, la dégradation de plusieurs indicateurs a précédé l'apparition de la crise. Le déficit courant, aggravé par la surévaluation du baht, avait atteint 6 p. 100 du P.I.B. en 1996 et les prêts à court terme constituaient jusqu'à 50 p. 100 d'une dette extérieure en accroissement rapide. Le gouvernement de Chavalit Yangchaiyudh s'est vu contraint, le 2 juillet, de laisser flotter le baht, ce qui s'est traduit aussitôt par une perte de valeur de 30 p. 100. Mais cela n'a pas suffi à rétablir la confiance, en raison notamment d'une instabilité politique persistante et de l'état inquiétant des bilans dans le secteur des entreprises et des banques. La dette en devises des premières atteignait alors 91,6 milliards de dollars, dont environ 20 milliards venaient à échéance avant la fin de l'année. Au 30 juin, 8,5 p. 100 des prêts en portefeuille des quinze principales banques étaient en souffrance depuis un an ou plus.[...]

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