- 1. États-Unis : le « nouveau paradigme » ?
- 2. Une nouvelle étape pour l'Europe
- 3. L'Amérique latine à mi-chemin de la restructuration
- 4. Le redressement encore fragile de l'Afrique subsaharienne
- 5. L'ouverture tardive du Moyen-Orient
- 6. La fin du « miracle » asiatique ?
- 7. Une reprise toujours aléatoire au Japon
ÉCONOMIE MONDIALE 1997 : la crise asiatique
Une reprise toujours aléatoire au Japon
Les difficultés économiques du Japon, dues aux contraintes budgétaires, ont été aggravées vers la fin de l'année par le climat d'inquiétude provoqué par la crise en Asie. L'O.C.D.E. a estimé la croissance de son P.I.B. en 1997 à 0,5 p. 100, la plus faible depuis 1994, contre 3,5 p. 100 en 1996. Le dynamisme du secteur exportateur n'a pas suffi à compenser un fort ralentissement de la consommation des ménages consécutif au relèvement, le 1er avril, de la taxe sur la consommation (portée de 3 à 5 p. 100) ainsi qu'à la suppression des abattements fiscaux temporaires.
Ce resserrement de la politique budgétaire avait trouvé son expression dans la décision du gouvernement de Ryutaro Hashimoto, entérinée par le Parlement le 6 novembre, de réduire le déficit budgétaire à 3 p. 100 du P.I.B. au 31 mars 2003, contre 5,5 p. 100 en 1997-1998. Il s'agissait de remédier aux conséquences inflationnistes de la série des programmes de relance qui avaient mobilisé quelque 66 000 milliards de yen depuis 1990. Cette rigueur a été jugée prématurée par certains analystes, séduits par l'exemple des États-Unis qui ont su profiter d'une conjoncture favorable pour progresser significativement sur la voie de l'équilibre budgétaire.
L'économie japonaise était aussi compromise par la faiblesse d'un système bancaire toujours hypothéqué, depuis la crise immobilière et bancaire, par un portefeuille de créances non performantes évalué à 28 000 milliards de yen. En fait, les deux problèmes étaient liés, l'aide à ce secteur supposant le recours à des fonds publics, à moins d'accepter la faillite des établissements de crédit les plus vulnérables ; l'une et l'autre solution se heurtaient à de fortes oppositions politiques.
Les observateurs n'ont guère été impressionnés par le troisième plan de relance proposé, le 16 décembre, par le parti libéral-démocrate, en dépit d'allégements fiscaux prévus à 850 milliards de yen, soit 0,2 p. 100 du P.I.B. Après une réduction de 3,5 points, le taux de l'impôt sur les sociétés serait en effet encore, à 46,36 p 100, sensiblement supérieur à la norme des pays développés. Le plan prévoyait aussi l'émission d'emprunts totalisant 10 000 milliards de yen pour venir en aide à certains établissements financiers.
Tōkyō s'est efforcé de contribuer à la solution de la crise monétaire en Asie en proposant, à l'assemblée annuelle du F.M.I., qui s'est tenue en septembre à Hong Kong, la création d'un fonds asiatique destiné à faire face aux difficultés des pays de la région. L'idée a été reprise le 19 novembre à Manille par les ministres des Finances des pays membres de l'A.S.E.A.N. et précisée par eux au début de décembre à Kuala Lumpur. Cette contribution financière se ferait au cas par cas pour s'ajouter éventuellement aux concours du F.M.I., ce dernier restant seul maître d'œuvre. Il a été prévu en outre un dispositif de « surveillance des pairs », comparable à celui qui est en vigueur au sein du G7.
Ces initiatives ont été consacrées par le sommet de l'A.P.E.C., le forum économique de la zone Asie-Pacifique, qui s'est tenu du 23 au 25 novembre à Vancouver. Le principal résultat de la diplomatie économique américaine, dans cette enceinte, a été une résolution en faveur du projet d'accord international sur les échanges de services financiers dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (O.M.C.). Washington avait fait échec à ce projet en 1995, en raison de l'insuffisance des offres des principaux pays en développement ; mais la crise en Asie et ses répercussions (y compris au Brésil) risquaient de conduire ces derniers à durcir encore leurs positions. Les dirigeants des pays en difficulté ont toutefois compris qu'ils[...]
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Écrit par
- Tristan DOELNITZ : journaliste économique et financier
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