- 1. Sortie de crise accélérée dans l'Asie émergente
- 2. Lente convalescence dans les autres économies en développement
- 3. L'économie japonaise prise dans la trappe dépressive
- 4. L'inconnue américaine
- 5. Rebond conjoncturel et incertitudes structurelles en Europe
- 6. Le cycle du millénaire différé
- 7. Bibliographie
ÉCONOMIE MONDIALE 1999 : la fin des turbulences ?
L' économie mondiale est sortie en 1999 du creux conjoncturel dans lequel elle s'était dangereusement engagée en 1998. La sortie de crise, étonnamment rapide, des économies émergentes en Extrême-Orient a largement contribué au regain d'optimisme sur les perspectives de la croissance dans le monde, tandis qu'elle favorisait le retour au calme sur les marchés financiers. Le réveil de l'activité en Europe occidentale a par ailleurs permis de mieux asseoir une croissance mondiale qui ne reposait plus en 1998 que sur le moteur américain. Parallèlement, le lancement réussi de l'euro a permis la poursuite de la détente monétaire engagée fin 1998. La reprise de l'activité mondiale en 1999 n'aurait toutefois guère été possible sans le dynamisme persistant de l'économie américaine qui a enregistré, pour la troisième année consécutive, un taux de croissance de l'ordre de 4 p. 100.
Conjuguée au retour timide de la croissance au Japon, ces différents éléments ont permis un redressement sensible du rythme de la croissance mondiale, qui pourrait atteindre 3,2 p. 100 en 1999, soit un point de plus que dans la plupart des prévisions présentées en milieu d'année. Les craintes de récession mondiale suscitées par la crise financière qui a secoué l'Extrême-Orient à la fin de 1997, avant de se propager à la Russie et au Brésil au second semestre de 1998, se sont ainsi largement dissipées.
Pour autant la pérennité de cette reprise de l'activité mondiale n'est guère assurée. Largement tirée par l'extraordinaire appétit de consommation et d'investissement du secteur privé américain, la croissance mondiale s'accompagne en effet d'une accumulation de déséquilibres financiers – surendettement privé aux États-Unis et surendettement public au Japon –, dont la résorption risque de s'avérer difficile.
Sortie de crise accélérée dans l'Asie émergente
La crise asiatique avait surpris la plupart des observateurs en 1997 par sa soudaineté et sa gravité. La sortie de crise de la plupart des pays d'Extrême-Orient en 1999 n'est pas moins étonnante. Dans les économies de marché de la région, à l'exception du Japon, la croissance a rebondi à près de 4 p. 100 en moyenne en 1999 après un recul de — 6,5 p. 100 en 1998. Elle atteindrait 9 p. 100 en Corée du Sud, replaçant l'économie de ce pays sur sa trajectoire de croissance antérieure. Les performances les moins favorables concernent Hong Kong, où l'ajustement est freiné par la rigidité du taux de change, et l'Indonésie qui demeurait handicapée en 1999 par les incertitudes politiques et la guerre civile à Timor oriental. Taiwan poursuivait en revanche son « sans faute » économique, avec une croissance de 5 p. 100 en 1999, comme en 1998. La Chine de son côté a réussi a maintenir un rythme de croissance rapide, en dépit des tendances déflationnistes internes, grâce notamment au dynamisme de ses exportations.
Partout en Asie, le redressement économique s'est appuyé en premier lieu sur un rebond spectaculaire des exportations, rendu possible par la bonne tenue du marché américain et la forte dépréciation des taux de change. Mesurée en termes réels, celle-ci approche 30 p. 100 en moyenne vis-à-vis du dollar par rapport aux niveaux de juin 1997. À cela s'ajoute l'effet de la dépréciation du dollar vis-à-vis du yen : de plus de 140 yen à la mi-1998, la devise américaine est revenue à près de 110 yen fin 1999, contribuant à soutenir la compétitivité des pays de la région. Conjuguée à la forte contraction de la demande intérieure, et donc des importations, intervenue en 1998, l'envolée des exportations a porté leurs excédents courants à des niveaux exceptionnels (entre 6 et 12 p. 100 du P.I.B. en 1999 en Malaisie, en Thaïlande et en Corée[...]
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Écrit par
- Jacques ADDA : maître assistant à l'université Bar-Ilan (Israël), département de sciences politiques et relations internationales
Classification
Média