- 1. Sortie de crise accélérée dans l'Asie émergente
- 2. Lente convalescence dans les autres économies en développement
- 3. L'économie japonaise prise dans la trappe dépressive
- 4. L'inconnue américaine
- 5. Rebond conjoncturel et incertitudes structurelles en Europe
- 6. Le cycle du millénaire différé
- 7. Bibliographie
ÉCONOMIE MONDIALE 1999 : la fin des turbulences ?
Lente convalescence dans les autres économies en développement
Si l'Asie émergente a rapidement retrouvé le chemin de la croissance, les économies d'Europe de l'Est et d'Amérique latine n'ont guère montré la même flexibilité structurelle.
Europe de l'Est
La Russie, à l'image des autres économies pétrolières, a bénéficié de la nette remontée du prix du pétrole, qui est passé de 10 dollars le baril pour le Brent de mer du Nord en décembre 1998 à 25 dollars fin 1999. Les comptes publics se sont ainsi redressés, tandis que la balance des paiements courants redevenait excédentaire, sous l'effet à la fois de la hausse du prix du brut et de la contraction massive des importations. Après avoir perdu 75 p. 100 de sa valeur vis-à-vis du dollar, le rouble a ainsi pu être stabilisé et l'hyperinflation évitée. En revanche, la poursuite du mouvement de fuite des capitaux bloque tout assainissement en profondeur des finances extérieures, tandis que l'incertitude politique et le caractère dégradé des institutions maintiennent les capitaux étrangers à distance. La crise russe a par ailleurs contribué au ralentissement de la croissance dans les pays d'Europe centrale. Parfois recherché par la politique économique, comme en République tchèque où il s'est transformé en 1998 en franche récession, ce ralentissement semblait inéluctable, compte tenu de la dégradation rapide des échanges extérieurs dans la phase de forte croissance qui l'a précédé.
Amérique latine
Touché à son tour par la crise financière en novembre 1998, le Brésil avait alors bénéficié d'une aide financière internationale massive, qui lui avait alors permis d'éviter l'effondrement de son taux de change. Les difficultés politiques de mise en œuvre du programme d'ajustement alors imposé par le F.M.I. devaient toutefois provoquer une reprise de la spéculation et l'abandon du régime de change glissant en janvier 1999. Le flottement du real se traduisait dans les jours suivants par une dévaluation de l'ordre de 40 p. 100 par rapport au dollar. En février, un nouvel accord était signé avec le F.M.I., portant notamment sur la restructuration des finances publiques, qui permettait le déblocage d'une nouvelle tranche de crédit et une détente progressive des taux d'intérêt. Élément déterminant pour la réussite du plan d'ajustement, l'ajustement du taux de change ne s'est pas répercuté dans les prix. La dépréciation réelle du real a ainsi favorisé le retour des capitaux et attiré les investisseurs étrangers, permettant la reconstitution des réserves des changes et le redémarrage de l'économie.
La crise brésilienne devait toutefois déstabiliser l'Argentine. Avec celle de Hong Kong, cette économie est l'une des rares de taille significative à avoir opté pour un currency board, autrement dit un régime d'émission monétaire entièrement couverte par les réserves de change à taux de change irrévocablement fixe, se privant ainsi de toute flexibilité en matière monétaire. Doublement pénalisée par l'appréciation de son taux de change effectif à la suite de la dévaluation du real et par la contraction du marché brésilien (qui absorbe près du tiers de ses exportations), l'Argentine a subi un effet de contagion financière renforcé par les incertitudes liées à la succession du président Menem. Au total, le recul de l'activité en 1999 s'avère nettement plus prononcé en Argentine qu'au Brésil. Compte tenu des récessions qui frappent les pays andins (Chili, Colombie, Équateur, Venezuela), l'Amérique latine aura enregistré en 1999 sa récession la plus sévère depuis 1988.
Afrique subsaharienne
Autre pays touché par la crise financière, l'Afrique du Sud s'est attachée à défendre la parité de sa monnaie par un resserrement[...]
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Écrit par
- Jacques ADDA : maître assistant à l'université Bar-Ilan (Israël), département de sciences politiques et relations internationales
Classification
Média