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ÉCONOMIE MONDIALE 1999 : la fin des turbulences ?

Rebond conjoncturel et incertitudes structurelles en Europe

Techniquement réussi, le lancement en janvier de 1999 de la monnaie unique européenne s'est accompagné d'une dépréciation continue de l'euro au premier semestre, suivie d'une stabilisation à un niveau proche de la parité avec le dollar dans la seconde partie de l'année. L'effet structurel de diversification des portefeuilles, qui devait selon de nombreux analystes favoriser l'euro, n'a guère joué à ce stade. En revanche, l'écart conjoncturel persistant avec les États-Unis et les différentiels de rendement sur les placements à court terme ont encouragé un désengagement de la monnaie européenne. Par ailleurs, les incertitudes sur l'orientation de la politique économique allemande ont pesé sur la parité de l'euro. Des réactions et déclarations peu compatibles avec la logique de l'intégration européenne (lors de l'O.P.A. du groupe britannique Vodafone Airtouch sur le groupe allemand Mannesmann, par exemple, ou du sauvetage public du groupe Philipp Holzmann, ou encore lors des débats sur l'instauration d'une taxe européenne sur les revenus de l'épargne) ont porté atteinte à la crédibilité même de l'union monétaire tout en entretenant la nostalgie de l'opinion allemande pour le deutsche Mark.

Masqués en partie par les avancées de la présidence finlandaise au second semestre (qui succédait elle-même à une présidence allemande peu brillante), ces problèmes risquent de resurgir, voire de s'aiguiser, avec l'accélération des restructurations à l'échelle européenne, suscitant défiance et attentisme à l'encontre de la monnaie européenne. La dépréciation de l'euro est toutefois loin de ne susciter que des inquiétudes. Conjuguée à l'accélération continue du commerce mondial, elle a en effet soutenu efficacement la reprise européenne tout au long de l'année, permettant notamment aux économies allemande et italienne, les plus pénalisées par la crise des économies émergentes, de redémarrer au second semestre. Simultanément, l'économie britannique émergeait de la mini-récession dans laquelle elle semblait sur le point de s'enfoncer fin 1998, ajoutant ainsi à la dynamique de croissance communautaire.

L'embellie conjoncturelle a reçu une impulsion supplémentaire de la Banque centrale européenne (B.C.E.) qui, poursuivant la politique de détente monétaire amorcée fin 1998, décidait de baisser son taux directeur d'un demi-point en avril 1999. L'activité dans la zone euro est ainsi revenue à un rythme de croissance annuel de l'ordre de 3,5 p. 100 dans la seconde partie de l'année. En dépit du niveau encore très élevé du chômage, la B.C.E. jugeait bon dès le mois de novembre de relever son taux directeur d'un demi-point, effaçant la baisse intervenue en avril. Cette prudence monétaire, qui contraste avec la politique audacieuse de la Fed, semble exprimer moins des appréhensions réelles par rapport à une quelconque résurgence de l'inflation qu'une inquiétude plus fondamentale quant au comportement effectif de la nouvelle monnaie.

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Écrit par

  • : maître assistant à l'université Bar-Ilan (Israël), département de sciences politiques et relations internationales

Classification

Média

Manifestation antimondialiste - crédits : Pascal Le Segretain/ Sygma/ Getty Images

Manifestation antimondialiste