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ÉCONOMIE MONDIALE 2000 : vers un rééquilibrage de la croissance mondiale ?

L'euro au plus bas, le pétrole au plus haut

La dépréciation de l'euro, qui a perdu en 2000 comme en 1999 près de 15 p. 100 de sa valeur vis-à-vis du dollar, fournit l'une des clés de l'évolution conjoncturelle européenne au cours de l'année écoulée. Cette dépréciation s'explique à la fois par des facteurs structurels (avance américaine dans les nouvelles technologies, résorption du retard d'internationalisation des firmes européennes), institutionnels (manque de clarté dans la définition de la politique de change européenne, manque de transparence de la Banque centrale européenne, B.C.E.), et conjoncturels (différentiel de croissance entre les États-Unis et l'Europe). Associée au bas niveau des taux d'intérêt en 1999, la faiblesse de la monnaie européenne a cependant permis une détente des conditions monétaires qui a nettement stimulé l'activité dans la zone euro entre la mi-1999 et la mi-2000. Plus modérée que celle des États-Unis, la croissance européenne (3,4 p. 100 en 2000) s'avère aussi beaucoup plus équilibrée, l'inflation demeurant près de un point en deçà du rythme observé outre-Atlantique (2,9 p. 100 en glissement annuel en novembre 2000), tandis que les échanges courants de la zone demeurent proches de l'équilibre. En retard d'environ cinq ans sur les États-Unis, la diffusion des nouvelles technologies laisse par ailleurs entrevoir la perspective d'un relèvement du potentiel de croissance qui rendrait possible la poursuite de la résorption du chômage dans les prochaines années (Commission européenne, 2000).

La croissance européenne devait toutefois se révéler vulnérable au resserrement monétaire initié par la B.C.E. et au renchérissement du prix du pétrole. Contrainte par un objectif explicite d'inflation de 2 p. 100, perturbée par la glissade de l'euro, la B.C.E. relevait à sept reprises son taux d'intérêt, le portant à 4,75 p. 100 en octobre 2000, au lieu de 2,5 p. 100 un an plus tôt. Fortement controversée, cette politique ne permettait pas d'enrayer le recul de l'euro, tandis qu'elle contribuait au freinage de l'activité, déprimant le rendement attendu des investissements dans la zone euro. Des interventions sur le marché des changes, concertée en septembre, unilatérale en novembre, n'avaient pas plus d'effets, dégradant encore davantage le crédit dont jouit la B.C.E. Seul le ralentissement marqué de l'activité américaine au troisième trimestre provoquait un renversement de tendance, l'euro repassant en fin d'année au-dessus de 0,90 dollar, après avoir touché un point bas à 0,82 dollar en octobre.

C'est toutefois la remontée spectaculaire du prix du pétrole qui allait grever le plus la croissance européenne. Après avoir touché un plancher de 10 dollars par baril à la fin de 1998, le prix du brut triplait en l'espace de quinze mois avant de se stabiliser autour de 30 dollars au second semestre 2000. Les fortes coupes de production décidées par l'O.P.E.P. au printemps de 1999 et la croissance plus soutenue que prévu de la demande mondiale sont à l'origine de cette envolée du prix du brut. Conjuguée à la dépréciation de l'euro, la dégradation induite des termes de l'échange (rapport du prix des exportations au prix des importations) dans la zone euro représente un prélèvement de l'ordre de un point de P.I.B. (O.F.C.E., Revue de l'O.F.C.E., no 75). À la différence des chocs pétroliers des années 1970, l'absence de mécanismes d'indexation se traduit par une ponction directe sur les revenus des ménages, ce qui freine la consommation. La croissance est ainsi revenue au second semestre à un rythme annuel de 3 p. 100, comparable à celui des États-Unis.

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Écrit par

  • : maître assistant à l'université Bar-Ilan (Israël), département de sciences politiques et relations internationales

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