ÉCONOMIE MONDIALE 2000 : vers un rééquilibrage de la croissance mondiale ?
Reprise fragile au Japon, plus solide dans l'Asie émergente
L'économie japonaise a continué de se débattre en 2000 avec les forces déflationnistes à l'œuvre depuis le début des années 1990. Si l'activité a nettement rebondi au premier semestre 2000, sous l'effet notamment d'une meilleure tenue de l'investissement public et des exportations, elle s'est à nouveau tassée dans la seconde partie de l'année. La rechute spectaculaire du Nikkei à partir du printemps, l'orientation plus restrictive de la politique budgétaire (qui tente de réduire un déficit public de plus de 10 p. 100 du P.I.B.), l'impact dépressif du renchérissement du prix du pétrole brut et une demande extérieure moins porteuse, en Asie et aux États-Unis notamment, ont stoppé net la croissance au second semestre. Si le lent travail de restructuration du secteur privé et d'assainissement financier du secteur bancaire se poursuit, les tendances déflationnistes sont loin d'avoir disparu, comme en témoigne la poursuite de la baisse des prix à la consommation et à la production, des prix des terrains et de la Bourse. Dans ce contexte, la décision de la Banque du Japon de relever le taux d'intérêt en août semble peu appropriée et s'inscrit dans la longue série des erreurs qui a caractérisé la conduite de la politique monétaire depuis la fin des années 1980. Compte tenu du niveau élevé du yen, de l'atonie persistante de la consommation et de l'endettement élevé des entreprises, l'économie japonaise est particulièrement exposée au ralentissement en cours de l'activité aux États-Unis et à un affaiblissement éventuel du dollar.
À la différence du Japon, les économies émergentes d'Asie ont remarquablement surmonté la crise de 1997-1998. La reprise de l'activité, nettement engagée en 1999, s'est confirmée en 2000 avec une croissance de près de 8 p. 100 dans les N.P.I. (nouveaux pays industrialisés) de la première génération et de près de 5 p. 100 dans ceux de la seconde (cf. tableau). Tirée dans un premier temps par les exportations, la croissance s'est rééquilibrée en 2000 en faveur de la demande intérieure, l'investissement (notamment en Corée du Sud et en Malaisie) et la consommation prenant le relais d'une contribution extérieure encore stimulée par la dépréciation passée des taux de change et la vigueur de la demande mondiale de produits électroniques. La combinaison d'une politique monétaire accommodante et d'une politique budgétaire sensiblement moins expansive conforte le redressement de l'activité dans la plupart des pays. L'Indonésie, dont la situation politique n'est toujours pas stabilisée, a bénéficié de la hausse du prix du pétrole, tout comme la Malaisie, dont l'excédent courant se situe à un niveau record. L'ensemble de la région profite enfin du dynamisme économique étonnant de la Chine, dont l'adhésion prochaine à l'O.M.C. renforce les attraits aux yeux des investisseurs étrangers, et de l'Inde, qui poursuit lentement mais sûrement son processus d'ouverture, de déréglementation et de modernisation.
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Écrit par
- Jacques ADDA : maître assistant à l'université Bar-Ilan (Israël), département de sciences politiques et relations internationales
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