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ÉCONOMIE MONDIALE 2000 : vers un rééquilibrage de la croissance mondiale ?

Situation contrastée dans les autres régions en développement

L'Europe de l'Est a globalement réussi, elle aussi, à émerger de la récession provoquée par la crise financière de 1998. Dans le cas de la Russie, l'impact de la dépréciation du rouble a été renforcé par le doublement (en moyenne annuelle) du prix du pétrole, qui a propulsé l'excédent courant à des sommets et permis d'assainir substantiellement les finances publiques. La reprise de l'économie russe a contribué au redressement des économies d'Europe centrale, dont l'activité est tirée par le dynamisme des marchés d'Europe de l'Ouest. La perspective de l'adhésion à l'Union européenne, qui semble se rapprocher à l'issue du sommet de Nice de décembre 2000, renforce l'intérêt de ces pays pour les investisseurs étrangers. Le gonflement du déficit courant, qui est la contrepartie de l'afflux de capitaux, est particulièrement marqué dans les pays Baltes, en Pologne, en Bulgarie et en Slovaquie, et exige d'ores et déjà des mesures correctrices.

La situation de l'Amérique latine est plus contrastée. Au Brésil, et plus nettement encore au Chili et au Mexique, l'activité s'est accélérée en 2000, alimentée par une demande intérieure qui vient renforcer la contribution positive des échanges extérieurs. Stimulées par la dépréciation passée des taux de change, les exportations ont bénéficié du dynamisme de la demande mondiale et tout particulièrement du marché américain. L'affranchissement de la contrainte de change, rendue effective par le passage aux changes flottants, semble avoir joué un rôle déterminant dans la reprise. Une illustration a contrario est fournie par l'Argentine où la reprise reste handicapée par la loi de convertibilité, qui fixe de façon absolue le taux de change. En fin d'année, la combinaison de tendances déflationnistes et d'un déficit courant encore important suscitait une nouvelle vague de défiance financière. Afin d'éviter un défaut de paiement ou une dévaluation, un plan de sauvetage de l'ordre de 40 milliards de dollars devait être signé en décembre avec le F.M.I.

La situation financière demeure fragile dans les autres pays de la région. Confronté à une inflation à trois chiffres et à un effondrement du taux de change, l'Équateur optait en mars pour une « dollarisation » intégrale de son économie, abolissant sa monnaie nationale. Le Salvador se propose d'en faire autant en 2001. Le Pérou, en proie à l'instabilité politique, et le Paraguay, dont l'économie ne cesse de s'appauvrir, peinent à faire face à leurs engagements financiers, tandis que la guerre civile en Colombie suscite une défiance croissante vis-à-vis de la monnaie nationale.

L'évolution économique du monde arabe et de l'Afrique continue d'être largement conditionnée par l'évolution des termes de l'échange et, dans le cas de l'Afrique subsaharienne, par le niveau des transferts financiers au titre de l'aide internationale et des remises de dette. La flambée du prix du pétrole soulage les pays du Golfe, les pays producteurs d'Afrique du Nord, et une poignée d'autres pays pétroliers comme le Nigeria ou l'Angola. Elle exerce toutefois une nouvelle ponction sur les revenus de la majeure partie de l'Afrique subsaharienne, dont la croissance demeure proche de zéro, une fois pris en compte l'accroissement démographique.

— Jacques ADDA

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Écrit par

  • : maître assistant à l'université Bar-Ilan (Israël), département de sciences politiques et relations internationales

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