ÉCONOMIE MONDIALE 2001 : état de choc
...tandis que l'Asie replongeait dans la crise
Devenue, au fil des années, l'atelier industriel de la nouvelle économie américaine, l'Asie émergente a subi de plein fouet le retournement du cycle de l'électronique mondiale à partir de la mi-2000. Avec la Chine et le Japon, cette région fournit à elle seule près de 40 p. 100 de la production électronique mondiale et abrite par conséquent une large partie des capacités excédentaires de ce secteur. Les économies les plus spécialisées et les plus dépendantes, à l'exportation, des marchés américains et japonais (Singapour, Malaisie, Taïwan) ont logiquement enregistré les reculs les plus marqués de leurs productions industrielles en 2001, tandis que le niveau élevé d'intégration régionale favorisait la diffusion de la crise. L'impact de la récession mondiale a été d'autant plus marqué que la crise financière de 1997-1998 a accentué le degré d'extraversion de la zone. Si les contraintes de balance des paiements ont été largement desserrées, la situation des systèmes financiers demeure très dégradée et vulnérable à la baisse des cours boursiers. Pour l'ensemble de la région, le montant des créances douteuses qui encombrent l'actif des banques représente l'équivalent de 15 p. 100 du P.I.B., à comparer à 11 p. 100 en 1997, à la veille de la crise financière (The Economist, 2001a). Dans ces conditions, la baisse des taux d'intérêt n'a guère d'effet sur la demande intérieure, les banques n'étant pas en mesure d'accroître leurs prêts tant que leurs bilans ne sont pas assainis. Quant à la politique budgétaire, elle est grevée dans plusieurs pays par les déficits importants hérités de la période de crise.
Cette situation peut évoquer celle du Japon, qui a connu en 2001 sa quatrième récession en moins de dix ans. La contraction des débouchés extérieurs et l'orientation désormais restrictive de la politique budgétaire se sont ajoutés en 2001 aux causes structurelles de la faiblesse de l'activité : marasme persistant de l'immobilier et de la Bourse (l'indice Nikkei se situait en fin d'année 72 p. 100 en dessous de son pic de 1989), qui dévalorise l'actif des banques et bloque toute reprise du crédit en dépit de taux d'intérêt ramenés virtuellement à zéro. En l'absence de dépréciation substantielle du yen, la dégradation rapide de l'emploi et l'atonie de la consommation entretiennent le mouvement déflationniste amorcé en 1998. À son tour, la baisse des prix (environ 1 p. 100 par an), en accroissant la valeur réelle des dettes, fait obstacle au redressement de la situation financière des entreprises, et donc des banques auprès desquelles elles sont endettées. Elle renchérit parallèlement le remboursement de la dette publique alors même que les revenus de l'État sont amputés par la récession. Début décembre 2001, l'agence Moody dégradait pour la deuxième fois en moins d'un an la cotation de la dette publique japonaise, qui dépasse désormais 130 p. 100 du P.I.B.
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Écrit par
- Jacques ADDA : maître assistant à l'université Bar-Ilan (Israël), département de sciences politiques et relations internationales
Classification
Média