ÉCONOMIE MONDIALE 2001 : état de choc
Le marasme du commerce mondial et la résilience du système financier
Le retournement simultané de la conjoncture dans les trois grands pôles de l'économie mondiale a eu un effet fortement dépressif sur le commerce mondial, dont la croissance a été pratiquement nulle en 2001. Les prix des produits de base ont repris leur tendance baissière dès le début de l'année, pénalisant de nombreuses économies en développement, notamment en Afrique. La baisse s'accentuait après le 11 septembre, en particulier pour les matières premières industrielles et le pétrole, dont le prix tombait au-dessous de 17 dollars le baril en novembre. L'O.P.E.P. réagissait en annonçant de nouvelles réductions de sa production à partir de janvier 2002, conditionnant toutefois son action à la participation de producteurs non membres de l'organisation (le Mexique, la Norvège et la Russie notamment) à l'effort de redressement des prix du brut. L'horizon du commerce mondial était légèrement éclairci en fin d'année par le lancement, le 14 novembre à Doha (Qatar), d'un nouveau round de négociations commerciales multilatérales. Deux ans après l'échec de Seattle, l'Europe et les États-Unis sont parvenus à se mettre d'accord sur une reprise du processus de démantèlement des subventions agricoles, tandis que les pays en développement obtenaient un engagement des pays riches à réduire les tarifs sur leurs exportations de produits industriels et à assouplir leur position en matière de propriété intellectuelle sur les produits pharmaceutiques (The Economist, 2001b).
La détérioration de l'environnement international n'a toutefois pas perturbé de façon significative la sphère financière de l'économie mondiale. Le choc du 11 septembre, en particulier, semblait en fin d'année avoir été absorbé sans dysfonctionnement majeur. Les chutes boursières enregistrées à la suite des attentats étaient totalement effacées deux mois plus tard, les marchés misant sur une reprise prochaine de l'activité, encouragés en cela par la détente monétaire généralisée et par la baisse du prix du pétrole. Contrairement à de nombreuses prédictions, le dollar américain restait stable, l'euro ne parvenant pas à tirer durablement parti de la fragilité financière des États-Unis, en raison notamment de la défiance persistante des marchés quant à la cohérence des politiques monétaire et budgétaire dans l'Euroland.
À la différence de la crise de 1998, la fuite devant les actifs à risque, amorcée avec l'éclatement de la bulle technologique et l'entrée en récession de l'économie américaine, n'a dans l'ensemble pas déstabilisé les économies émergentes, malgré le net relèvement des marges de risque après le 11 septembre. La plus grande flexibilité des régimes de change, qui a permis, dans la plupart des cas, d'amortir les chocs financiers, explique en grande partie cette résilience financière plus importante. L'exception la plus notable est l'Argentine, dont la loi de convertibilité, en bloquant tout réalignement du taux de change, fait peser la totalité de l'ajustement sur la production, l'emploi et les salaires. À l'issue de trois années consécutives de récession et de deux plans de sauvetage inopérants du F.M.I., une crise majeure à la fois économique, sociale et politique ne pouvait plus être évitée en fin d'année.
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Écrit par
- Jacques ADDA : maître assistant à l'université Bar-Ilan (Israël), département de sciences politiques et relations internationales
Classification
Média