Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ÉCONOMIE MONDIALE 2002 : incertitudes sur la reprise

Après une année 2001 morose, l'économie mondiale a connu une reprise assez forte de l'hiver 2001 au printemps 2002, impulsée par le redressement spectaculaire des importations américaines. Le commerce mondial a ainsi renoué avec la croissance, après une forte contraction en 2001. La situation est apparue plus incertaine dès le printemps 2002, à la suite du ralentissement de la consommation des ménages américains et de l'atonie des investissements dans les pays industrialisés. L'économie nippone, la deuxième du monde, n'est pas sortie du marasme, exposée à une baisse des prix et à la mauvaise santé financière de ses banques. Seules quelques économies d'envergure (Chine, Inde et Russie) sont parvenues à maintenir le rythme de leur croissance, portée essentiellement par la demande intérieure (Direction de la prévision, 2002).

Une reprise en pointillés aux États-Unis

La performance de l'économie américaine en 2001 a finalement été moins bonne que ce qui avait été initialement annoncé : une révision des comptes nationaux des États-Unis a montré que la contraction de l'activité a porté non pas sur un trimestre, mais sur les trois premiers trimestres de l'année. Cette « récession » a notamment résulté d'un recul très fort de l'investissement productif et d'une consommation privée moins dynamique que prévu.

La reprise s'est toutefois amorcée dès l'hiver 2001, au sortir de la catastrophe du 11 septembre. La consommation des ménages a été stimulée par de fortes baisses d'impôts engagées dès l'été 2001, par les mesures de financement spécifique au secteur automobile (prêt à taux zéro) et par les renégociations de prêts hypothécaires dans un contexte de bas taux d'intérêt. Parallèlement, les dépenses publiques ont bondi, afin de financer les reconstructions nécessaires après les attentats du 11 septembre et de renforcer la défense militaire.

En revanche, la reprise de l'investissement productif n'a pas été au rendez-vous : les opportunités de développement se sont réduites au fur et à mesure que le climat conjoncturel se voilait ; les entreprises n'ont épuisé qu'en partie les surcapacités productives accumulées pendant la bulle technologique de 2000. Les entreprises ont, dans l'ensemble, éprouvé le besoin de restaurer leur profitabilité, en cédant leurs participations dans des sociétés peu rentables ou en infléchissant leur endettement.

Cet assainissement financier des entreprises a été précipité par le repli des marchés boursiers, sur fond de doutes quant aux pratiques comptables (à la suite de l'affaire Enron). Si la fonte de leurs actifs financiers a fragilisé les entreprises, elle a aussi réduit leurs opportunités de financement : le coût de l'émission obligataire s'est renchéri en raison de la défiance des investisseurs et de la dégradation de la note financière de certaines entreprises par les agences de notation. Parallèlement, les banques n'ont pas hésité à restreindre leur offre de crédit bancaire et les entreprises n'ont pas souhaité émettre de nouvelles actions, face au risque de poursuite de la baisse des indices boursiers.

À l'été, l'euphorie née de la vigueur de la reprise a ainsi cédé la place à de fortes incertitudes. La consommation des ménages s'est nettement ralentie, les effets de la relance fiscale ayant commencé de s'estomper. La dépréciation rapide du dollar et la baisse importante des marchés financiers ont aussi contribué à un retournement des anticipations et à une dégradation du climat conjoncturel. Le risque d'un double dip (« double plongeon » : une récession en 2001, une reprise en 2002, puis une récession à nouveau dès 2003) s'est renforcé et ne pouvait plus être totalement écarté en fin d'année.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification