ÉCONOMIE MONDIALE 2002 : incertitudes sur la reprise
Une économie européenne tirée par les échanges extérieurs
La reprise de l'activité américaine a tiré dans son sillon les exportations européennes. Dans l'ensemble, l'expansion des échanges a cependant moins joué sur la croissance en Europe que pour les économies plus exposées à la demande américaine. En effet, en raison de l'importance des flux intra-européens, les exportations des États membres de l'Union monétaire ont souffert de l'atonie persistante de la demande intérieure européenne.
Parallèlement, si l'introduction de la monnaie unique a été couronnée de succès, elle n'a pas permis de relancer la consommation des ménages. Le basculement à l'euro fiduciaire a induit un rebond de l'inflation et, surtout, un bouleversement des signaux de prix en début d'année qui ont, en partie, pesé sur la confiance des consommateurs. L'investissement a, quant à lui, poursuivi son recul, en se contractant fortement en Italie ainsi qu'en Allemagne, où le secteur de la construction était toujours en crise. La production industrielle européenne a été pénalisée par les grèves d'avril et de mai en Allemagne, fortement suivies dans les secteurs de la construction et de la métallurgie. Globalement, la situation est apparue nettement plus défavorable en Allemagne que dans la plupart des autres pays européens : la demande intérieure est restée fortement précaire ; la situation dégradée du marché du travail et le développement des créances douteuses dans les bilans des banques ont continué de peser sur l'économie. Les inondations de l'été paraissaient cependant devoir stimuler la dépense publique et soutenir temporairement l'activité dès le début de 2003.
Par ailleurs, le policy-mix (combinaison de la politique monétaire et de la politique budgétaire) européen s'est fortement distingué de celui des États-Unis. La Banque centrale européenne a suivi une politique monétaire plus restrictive, en maintenant ses taux directeurs à un niveau plus élevé que son homologue américaine ; parallèlement, en matière de politique budgétaire, le pacte de stabilité et de croissance a limité les marges de manœuvre des États membres par le plafonnement du déficit à 3 p. 100 du produit intérieur brut, alors que les États-Unis mettaient en place des mesures étendues de relance budgétaire. Plusieurs pays (France, Allemagne, Italie, Portugal) ont vu la situation de leurs finances publiques se dégrader en 2002 et ont été conduits à envisager des politiques d'assainissement budgétaire dès 2003.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
Classification