ÉCONOMIE MONDIALE 2002 : incertitudes sur la reprise
Une situation dégradée dans les pays émergents
Dans les pays d'Europe centrale et orientale (P.E.C.O.), l'effet positif de la reprise américaine a été nettement moins perceptible. La croissance a reposé pour l'essentiel sur la vigueur de leur demande intérieure, mais elle a été pénalisée par les pertes de compétitivité liées à l'appréciation de leur taux de change réel (corrigé de l'inflation). Au-delà, la volonté d'arrimage des P.E.C.O. à la zone euro et la poursuite d'une logique de convergence économique et financière devaient les conduire à un renforcement de leur croissance et renforcer la légitimité de leur candidature à l'élargissement.
La situation économique de l'Amérique latine a continué de se détériorer après un net coup d'arrêt de l'activité en 2001. En Argentine, l'annonce simultanée du défaut de paiement et de la dévaluation, au début de l'année, n'a pas permis d'enrayer la spirale de la récession. La crise bancaire, notamment, a eu des effets désastreux sur l'économie. Elle a bridé la consommation des ménages par la mise en place du corralito (la restriction de l'accès aux dépôts bancaires) et par la réduction drastique du crédit bancaire, qui a asphyxié les investissements des entreprises. Parallèlement, la prime de risque exigée par les marchés sur les obligations d'État libellées en dollars n'a cessé d'augmenter depuis la déclaration de défaut, atteignant des niveaux record à l'été (plus de 7 000 points de base).
Malgré la détente des taux d'intérêt au niveau mondial, la crise en Argentine s'est en partie propagée au continent, la baisse des rentrées fiscales et des exportations dans certains pays ayant exacerbé la défiance des investisseurs internationaux. Les primes de risque sur les obligations d'État se sont détériorées au Brésil, ainsi qu'au Venezuela où des grèves de protestation contre le pouvoir politique ont pesé sur l'économie. Dans un contexte de dévaluation forcée (Argentine, Venezuela, Uruguay) ou de dépréciation continue du taux de change (Brésil), la demande intérieure s'est effondrée dans la plupart des pays, à l'exception des économies suffisamment ouvertes et diversifiées du Chili et du Mexique.
L'activité des pays d'Asie du Sud-Est a été tirée par la vigueur de leurs exportations au premier semestre de 2002. En particulier, les ventes de semiconducteurs ont fortement progressé, ce qui a tiré la croissance en raison du poids élevé du secteur de l'électronique dans ces économies. La compétitivité des pays asiatiques n'a pas été entamée, l'appréciation de leur monnaie ayant été compensée par la baisse des prix des exportations. Dans le même temps, la demande intérieure a fait preuve d'une bonne tenue. Si la zone est restée dépendante de la demande en biens d'électronique et donc de la conjoncture américaine, il semble toutefois qu'elle ait alors commencé d'acquérir une certaine autonomie, grâce au développement de ses échanges intérieurs. À cet égard, le rôle de la Chine est devenu de plus en plus un rôle central, en attirant massivement les investissements directs étrangers (Direction de la prévision, 2002 ; Ramses 2002).
La situation de l'économie japonaise ne s'est, quant à elle, pas sensiblement améliorée en 2002. Certes, elle a renoué avec la croissance grâce à des exportations particulièrement vigoureuses durant la première partie de l'année. Mais elle a largement bénéficié des prêts américains à taux zéro, 50 p. 100 de ses exportations d'automobiles étant dirigées vers les États-Unis. Par ailleurs, elle a profité du redémarrage des investissements en électronique de ses partenaires asiatiques, ces derniers recevant 40 p. 100 des exportations nippones en machines.[...]
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Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
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