ÉCONOMIE MONDIALE 2002 : incertitudes sur la reprise
Pétrole et finance : instabilité des marchés
La baisse des cours des matières premières observée en 2001 s'est nettement inversée en début d'année, à quelques exceptions près : si les cours du cacao ont poursuivi leur envolée, en raison notamment des incertitudes politiques en Côte d'Ivoire, les prix du café ont été encore poussés à la baisse par une augmentation de la récolte brésilienne.
L'évolution à la hausse du prix du pétrole en 2002 s'est caractérisée à l'été par des tensions dues à la perspective du conflit militaire entre les États-Unis et l'Irak. Le prix du brut s'est élevé à près de 30 dollars à l'automne, en raison d'une « prime de risque de guerre » de l'ordre de quelques dollars. Cette prime était censée refléter le risque de hausse des prix due à un arrêt de la production irakienne en cas de conflit. L'incertitude est toutefois restée moindre que lors de la guerre du Golfe en 1991, en raison de fortes surcapacités au sein des différents pays producteurs de l'O.P.E.P. Le marché du pétrole a, par ailleurs, été caractérisé en fin d'année par des stocks historiquement bas, en partie liés à un « déport » sur les marchés à terme : en raison d'une anticipation de baisse du prix par les agents économiques (persuadés alors de la disparition dans un futur proche de l'incertitude sur l'Irak), le prix du pétrole dans les contrats de livraison à terme a été inférieur au prix courant, ce qui a dissuadé les entreprises de constituer des stocks.
Poursuivant la tendance initiée en 2001, les marchés financiers se sont fortement repliés en 2002 : en France, la baisse du CAC 40 a été de près de 35 p. 100 sur les dix premiers mois de l'année, ramenant l'indice à un niveau proche de ceux de l'année 1998. Au total, l'évolution positive de l'indice sur les quinze dernières années a été ramenée à près de 4,5 p. 100 (alors que la hausse moyenne avait été d'environ 40 p. 100 de 1997 à 2000). Cette baisse de la Bourse a trouvé son origine dans l'éclatement de la bulle technologique de 2000 et dans le manque de fiabilité et de transparence des comptes des entreprises : l'affaire Enron a, par exemple, révélé la trop grande capacité des entreprises à dissimuler des engagements financiers hors de leur bilan. L'aversion au risque des investisseurs a été renforcée, ces derniers se livrant à une « fuite vers la qualité », en faveur de titres plus sûrs comme les obligations les mieux notées.
Parallèlement, certains pays ont connu une poussée très forte des prix de leur immobilier (Royaume-Uni, Pays-Bas et dans une certaine mesure États-Unis), due en partie à un report des investisseurs des titres financiers vers l'immobilier. Le patrimoine immobilier des ménages s'est fortement apprécié, en raison de la montée des prix mais aussi du recours accru au crédit hypothécaire. Au total, cela a permis aux ménages de compenser la dégradation des cours boursiers par la hausse de leur richesse immobilière (F.M.I., 2002). À terme, un éventuel retournement des prix de l'immobilier pouvait toutefois peser sur la consommation privée, notamment au Royaume-Uni, comme cela s'était produit au Japon à la fin des années 1980.
En 2002, aux deux extrémités de l'économie mondiale, on continuait de trouver deux zones diamétralement opposées : les États-Unis qui demeuraient le principal attracteur des capitaux mondiaux, comme en témoignait le creusement de leur déficit courant (à près de 5 p. 100 du P.I.B. en 2002) ; l'Afrique qui, à de rares exceptions près (Afrique du Nord, Afrique du Sud, Nigeria), demeurait à l'écart de la croissance mondiale. Malgré les efforts des organisations internationales pour asseoir les économies africaines sur des bases saines,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
Classification