- 1. Les États-Unis ont été le fer de lance de la croissance
- 2. La croissance japonaise a créé la surprise
- 3. La croissance européenne est globalement restée en panne
- 4. Les pays émergents ont fortement pâti du SRAS en début d'année
- 5. Pétrole et finance : à la hausse
- 6. Vers une reprise générale ?
- 7. Bibliographie
ÉCONOMIE MONDIALE 2003 : une économie mondiale dans la tourmente
Jusqu'au milieu du printemps de 2003, l' économie mondiale a vécu à l'ombre des tensions géopolitiques, les incertitudes liées au conflit irakien continuant de favoriser les comportements attentistes des agents et de tendre les prix sur les marchés pétroliers. La rapidité de la guerre a permis, sur le moment, une détente des cours du pétrole et un regain de confiance, quoique modeste, chez les entreprises et les ménages.
Au-delà de ces tensions internationales, les écarts de conjoncture entre les grandes zones ont persisté et se sont même accrus. Les États-Unis et, de manière plus inattendue, le Japon ont affiché une reprise de leur croissance dès le printemps, mais la zone euro est restée très en retrait, et la plupart des grands pays européens ont même connu quelques trimestres de contraction de leur activité. Cet écart de croissance qui a été spectaculaire à l'automne, atteignant environ 8 p. 100 en rythme annualisé, s'est globalement expliqué par différents facteurs, au premier rang desquels l'appréciation de l'euro vis-à-vis du dollar, qui obérait la compétitivité des entreprises européennes, et des politiques monétaire et budgétaire plus expansives de l'autre côté de l'Atlantique.
Les États-Unis ont été le fer de lance de la croissance
Rien au début de l'année ne laissait imaginer que l'activité américaine connaîtrait une telle accélération. Au cours de l'hiver, le produit intérieur brut (P.I.B.) avait progressé au rythme annualisé de 2 p. 100 : une performance significative, mais au-dessous du rythme potentiel de l'économie américaine (celui qui serait atteint si tous les moyens de production – emploi et capital – étaient pleinement utilisés), qu'il est admis d'évaluer à quelque 3 p. 100. Dès le printemps, le taux de croissance a véritablement décollé pour atteindre 4 p. 100 en rythme annuel, et 8 p. 100 à l'été, bien au-dessus du potentiel.
Un tel dynamisme s'explique par différents facteurs.
L'activité a été incontestablement soutenue par la consommation des ménages, une composante clef de la demande, puisqu'elle représente les deux tiers du P.I.B. américain. Pourtant, la situation très dégradée du marché du travail ne laissait guère attendre un tel comportement dépensier. En effet, comme après la récession de 1991, mais de manière encore plus prononcée, l'emploi n'a pas redémarré parallèlement à l'activité, ce qui a consacré l'expression de jobless recovery (« reprise sans emploi »). Dans le secteur manufacturier, les emplois ont même été massivement détruits, symbolisant la jobloss recovery (« reprise destructrice d'emplois »).
Les ménages américains ont préféré continuer de maintenir leur épargne à un bas niveau, et surtout, ils ont utilisé les suppléments de revenus procurés par des allégements d'impôts et par la baisse des taux hypothécaires. Ils ont, en effet, bénéficié d'une politique budgétaire très accommodante : le Congrès a adopté au printemps un plan d'un montant significatif, visant à avancer et à compléter les baisses d'impôts déjà prévues dans la loi de réforme fiscale de 2001. Ce plan doit se traduire pour les ménages par un supplément de revenus de l'ordre de 110 milliards de dollars au titre des années 2003 et 2004, équivalent à un peu plus d'un point du P.I.B. américain.
Par ailleurs, les consommateurs ont profité, sans doute plus qu'ailleurs, de la baisse des taux d'intérêt. En raison des mécanismes de refinancement hypothécaire, ils ont en effet pleinement ressenti la politique monétaire accommodante de la Réserve fédérale américaine, qui a permis à son taux directeur de descendre jusqu'à 1 p. 100. Ceux qui avaient contracté un prêt hypothécaire (c'est-à-dire gagé sur leur bien immobilier) ont[...]
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Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
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Médias