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ÉCONOMIE MONDIALE 2003 : une économie mondiale dans la tourmente

La croissance européenne est globalement restée en panne

L'activité dans la zone euro n'aura que faiblement progressé en 2003. Un certain nombre d'économies européennes sont d'ailleurs entrées en récession comme celles de l'Allemagne, de l'Italie ou encore des Pays-Bas ou du Portugal. Les espoirs d'un rebond au sortir de la guerre d'Irak ne se sont pas réalisés, et il aura fallu attendre l'automne pour enregistrer les premiers signes encourageants, avec une progression modeste de l'activité, de l'ordre d'un demi-point du P.I.B. de la zone, et surtout une nette animation des signaux renvoyés par la plupart des enquêtes de conjoncture européennes.

Jean-Claude Trichet - crédits : BCE

Jean-Claude Trichet

Par rapport aux États-Unis, les politiques économiques ont été moins accommodantes dans la zone euro et surtout moins efficaces pour contrebalancer le frein mis à l'activité par les tensions géopolitiques et les effets négatifs de l'ajustement des bilans des entreprises. La politique budgétaire y a été moins sollicitée qu'aux États-Unis, en raison notamment de marges de manœuvre limitées par les contraintes du Pacte de stabilité et de croissance. La baisse des taux a aussi été moins forte et n'a pu s'appuyer sur des canaux de transmission aussi puissants qu'aux États-Unis, les mécanismes de refinancement hypothécaires étant peu répandus en Europe.

Par ailleurs, la stratégie d'épargne des ménages est restée très prudente au regard de l'évolution de leur revenu. Leur confiance a pu souffrir des incertitudes liées aux réformes, notamment dans le domaine des retraites ou en matière d'assurance-maladie. Un autre facteur explicatif réside sans doute dans le bouleversement des signaux de prix entraîné par l'avènement de l'euro fiduciaire : dans la plupart des pays de la zone euro, les ménages ont perçu l'inflation plus forte qu'elle n'a été en réalité, ce qui a pu les inciter à épargner. Cet effet a été médiatisé en Allemagne sous le nom d'effet teuro, fusion des termes teuer (« cher » en allemand) et euro.

Enfin, et de manière significative, les entreprises ont dû faire face à une évolution très défavorable de la parité euro/dollar, avec une appréciation d'environ 7 p. 100 par trimestre sur la première partie de l'année 2003 ; bien que cela ait eu pour conséquence favorable d'atténuer la facture prétrolière, les effets négatifs sur le commerce extérieur l'ont nettement emporté. À l'automne, la devise européenne s'envolait de nouveau par rapport au dollar, pour terminer l'année à une parité de plus de 1,26.

Une crise est survenue, courant novembre, à propos du Pacte de stabilité et de croissance. Les ministres des Finances de la zone euro ont accepté de mettre entre parenthèses la procédure pour déficits excessifs qui avait été lancée par la Commission européenne contre l'Allemagne et la France. Les deux pays ont échappé ainsi à l'obligation de réduire en 2004 leur déficit structurel (déficit corrigé des variations conjoncturelles) du montant demandé par la Bruxelles. Ils ont néanmoins maintenu leur volonté de réduire leur déficit au cours des prochaines années.

À côté de la zone euro, le Royaume-Uni a continué de faire le choix de sa différence. D'une part, l'économie a affiché une forte croissance, tirée en grande partie par la consommation des ménages. Dans un contexte de forte hausse des prix de l'immobilier (avec des progressions annuelles de 25 p. 100), ces derniers ont renégocié leurs prêts hypothécaires, selon des mécanismes voisins de ceux qui ont été mis en œuvre aux États-Unis. Du côté des entreprises, plus que jamais, ce sont les services qui ont porté l'activité britannique. D'autre part, le Royaume-Uni a confirmé en juin qu'il n'était pas prêt pour l'euro, déclarant que les cinq critères économiques[...]

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Jean-Claude Trichet - crédits : BCE

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Guerre d'Irak - crédits : Ramzi Haidar / AFP

Guerre d'Irak