ÉCONOMIE MONDIALE 2004 : une reprise turbulente
Un monde émergent dans une croissance non exempte de risques
Bénéficiant de conditions monétaires très favorables et d'une demande mondiale dynamique, les pays émergents, qui représentent aujourd'hui près de la moitié du P.I.B. mondial, ont globalement connu une croissance soutenue.
L'activité asiatique a été tirée par la demande américaine et par la vive croissance de l'économie chinoise. Le printemps a été marqué par un ralentissement de la demande intérieure dans l'ensemble de la zone, dû en partie aux mesures prises en Chine pour enrayer la surchauffe de l'économie. S'il est vrai que l'Asie a un peu gagné en autonomie, en termes de demande, elle a malgré tout continué d'être très dépendante de la demande américaine et plus généralement du commerce mondial.
Les pays d'Europe centrale et orientale (P.E.C.O.), dont huit ont rejoint l'Union européenne le 1er mai, sont demeurés sur une trajectoire de croissance dynamique. La demande intérieure a été bien orientée alors que les exportations ont bénéficié de la demande provenant de la zone euro. L'inflation a augmenté sensiblement, en lien avec la forte montée des prix des matières premières, si bien que la plupart des Banques centrales ont relevé leur taux. Pour les P.E.C.O., la volatilité des changes ainsi que, à moyen terme, la situation dégradée des finances publiques et le niveau élevé des déficits courants, constituent d'autres sources de fragilité. Ces éléments ont d'ores et déjà pesé sur la réalisation des objectifs de convergence nominale dans la perspective de l'adhésion à l'Union économique et monétaire. Ainsi au cours de l'été, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ont repoussé à l'horizon 2009 – 2010 l'échéance pour l'adoption de la monnaie unique.
En Amérique latine, la reprise semblait solidement installée. La situation financière s'est améliorée dans la plupart des pays, et la zone a bénéficié du dynamisme des échanges mondiaux ainsi que de la hausse des prix des matières premières. S'il y avait bon espoir d'une croissance consolidée, quelques risques subsistaient. Par exemple, le Venezuela restait toujours fragile politiquement, malgré la victoire du président Chavez au référendum du 15 août, avec des conséquences potentielles sur les prix du pétrole difficiles à quantifier ; par ailleurs, l'Argentine devait faire face aux contraintes liées à la renégociation de sa dette et à la récente crise déclenchée par le manque d'investissement dans le secteur de l'énergie. Enfin, le Mexique restait très dépendant du cycle industriel américain, en raison du poids économique des maquiladoras (usines installées au Mexique travaillant quasi exclusivement pour les entreprises américaines).
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Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
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