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ÉCONOMIE MONDIALE 2004 : une reprise turbulente

L'économie mondiale en proie à la flambée pétrolière

Malgré une accalmie en début d'été, le cours du pétrole a poursuivi sa tendance haussière, amorcée après la chute du régime irakien, dans un marché par ailleurs très volatil. Entre l'été et la fin de l'année, le prix du baril de Brent a bondi de 30 dollars à 45 dollars, culminant à un peu plus de 50 dollars en octobre.

Cette flambée des prix du pétrole doit toutefois être relativisée. Exprimés en euros, les prix du pétrole n'ont pas dépassé le pic, enregistré à l'été 2000, d'environ 35 euros par baril.

Les causes des tensions sur les marchés pétroliers résultent de différents facteurs. En premier lieu, la demande mondiale de pétrole a connu sa plus forte croissance depuis plus de 20 ans, portée par le redémarrage global et le boom chinois. La vigueur de la demande n'a été anticipée ni par l'Agence internationale de l'énergie (A.I.E.), dont les statistiques sont très regardées, ni par les producteurs de pétrole. Les anticipations de prix plus faibles ayant entraîné un sous-investissement, les capacités de production n'ont pas évolué en ligne avec la progression de la demande. L'excédent des capacités de production s'est de fait établi à un niveau historiquement bas, ce qui a favorisé l'envolée des cours pétroliers.

Dans ce contexte de fortes tensions physiques, le marché présentait donc une grande vulnérabilité aux risques divers d'accident sur l'offre, accentuée par la présence nouvelle et grandissante de fonds spéculatifs (hedge funds). Et ces risques sont aujourd'hui nombreux : la situation politique est instable au Nigeria ; les risques d'attentats pèsent sur le Moyen-Orient.

Si cette flambée pétrolière a fait peser des doutes sur la croissance, les banquiers centraux ont jugé la reprise suffisamment bien installée ou les tensions inflationnistes risquant de l'accompagner assez probables pour décider de relever leurs taux directeurs. L'année 2004 a de ce fait amorcé le resserrement de l'environnement monétaire au niveau mondial. Contrairement à la Fed, la B.C.E. a toutefois maintenu un statu quo prudent face à une reprise encore fragile et en l'absence de tensions sur l'inflation sous-jacente. La Chine a créé la surprise fin octobre en relevant son taux directeur de 25 points de base (1 point de base = 0,01 p. 100).

Au sein d'une économie internationale à nouveau en selle, mais au prix de maints déséquilibres, la quasi-stabilité de la zone euro a surpris. La croissance globale de la zone euro n'avait pas lieu, en effet, d'être aussi en retard sur le reste des pays industrialisés. À cet égard, la poursuite de la dépréciation du dollar permettant de résorber le déséquilibre courant américain pourrait s'avérer préjudiciable à la zone, dès lors que l'euro serait seul à porter ce fardeau. En la matière, le comportement de la zone Asie sera particulièrement important. Celle-ci mène aujourd'hui une politique de change d'arrimage implicite à la zone dollar, qui lui permet de ne pas subir la dépréciation du dollar. Optera-t-elle davantage demain pour une plus grande flexibilité des changes ?

— Nicolas SAGNES

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