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ÉCONOMIE MONDIALE 2007 : zone de turbulences

Le ballet des changes

Sur le front des taux de change, l'année 2007 aura été marquée par le repli des stratégies dites de carry trade et la forte dépréciation de la devise américaine.

Une stratégie dite de carry trade consiste à s'endetter dans une devise à faible taux d'intérêt (le yen par exemple) et à placer les fonds empruntés dans une autre devise à taux d'intérêt plus élevé (comme le dollar américain, la couronne islandaise ou le real brésilien). Pour être profitable, une telle stratégie repose sur la vue qu'une dépréciation de la seconde devise contre la première ne viendra pas réduire les gains tirés du différentiel de taux d'intérêt. Cette stratégie s'est avérée très efficace avec le yen, car la Banque du Japon a maintenu ses taux directeurs bas et est intervenue régulièrement sur le marché des changes pour enrayer l'appréciation du yen. Côté investissement, l'Islande a été un exemple de destination prisée pour placer les fonds du carry trade, le taux d'intérêt de la Banque centrale y atteignant plus de 10 p. 100. Et c'est précisément l'Islande qui a tiré la sonnette d'alarme sur l'exubérance de ces stratégies financières. En début d'année, le « krach islandais » a mis un sérieux coup de frein aux stratégies de carry trade. La couronne islandaise a perdu près de 10 p. 100 de sa valeur face au dollar, provoquant une chute certes mesurée de la Bourse de Reykjavik (— 5 p. 100), mais surtout une onde de choc sur les marchés de devises et obligataires de nombreux pays, du Brésil et du Mexique à l'Australie et à la Nouvelle-Zélande, en passant par la Turquie et l'Afrique du Sud.

Le dollar s'est quant à lui fortement déprécié contre la plupart des autres monnaies. Le cours de change de l'euro contre dollar, notamment, s'est vivement apprécié en termes nominaux, passant de 1,32 à la fin de 2006 à 1,48 à la fin de 2007. Ce mouvement est la conséquence de l'existence de forts déséquilibres des balances des paiements, qui n'ont cessé de s'amplifier au cours des dernières années. D'un côté, les États-Unis ont encore enregistré un déficit très prononcé de leur balance courante, (5,7 p. 100 du P.I.B.), creusé par l'intense consommation des ménages. De l'autre côté, les principales économies asiatiques ont accumulé des surplus courants avoisinant 4 p. 100 du P.I.B. au Japon et environ 12 p. 100 du P.I.B. en Chine ; le boom des prix du pétrole a aussi permis aux pays producteurs d'engranger des surplus courants massifs, évalués à 4,8 p. 100 du P.I.B. en Russie et à près de 17 p. 100 du P.I.B au Moyen-Orient. La résorption de ces déséquilibres devrait passer par une dépréciation massive du dollar qui briderait la demande des ménages américains en générant de l'inflation importée et accroîtrait les exportations en raison des gains de compétitivité occasionnés par une devise plus faible. Pour autant, la dépréciation du dollar s'est principalement effectuée contre l'euro ou la livre sterling, et pas encore contre les devises des pays à fort excédent courant vis-à-vis des États-Unis.

Enfin, les bourses auront connu une année plutôt morose, contrairement à 2006 : en France, le CAC 40 s'est quasi stabilisé à son niveau de fin 2006, aux États-Unis, le Dow Jones a augmenté de près de 4 p. 100 mais le Nikkei a plongé de 12 p. 100. Malgré des bilans financiers des entreprises globalement assainis, les turbulences des marchés financiers auront prélevé leur obole sur les marchés boursiers.

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