ÉCONOMIE MONDIALE 2008 : de la crise financière à la crise économique
L' économie mondiale a connu une année terrible, et bien des parallèles ont été dressés avec la crise de 1929. La crise des subprimes, qui avait éclaté à l'été de 2007, a pris une ampleur sans précédent durant l'automne de 2008 après la faillite de banque américaine Lehman Brothers. Un véritable ouragan a ravagé la sphère financière et précipité les économies développées dans la récession. La croissance mondiale aura nettement décéléré, passant à 3,9 p. 100, contre 5,0 p. 100 en 2007, selon les projections du F.M.I. : plus précisément, la croissance fléchissait fortement, à 1,5 p. 100, pour l'ensemble des pays développés (après 2,6 p. 100 en 2007) et marquait le pas, à 6,9 p. 100 dans le monde émergent (après 8,0 p. 100 en 2007). Au delà des soubresauts financiers, ce ralentissement global de l'activité a résulté de l'impact de deux facteurs sur la consommation des ménages : l'éclatement de la bulle immobilière dans de nombreux pays et la très forte hausse, jusqu'à l'été, des prix des matières premières, laquelle a fait baisser leur pouvoir d'achat.
Comme certains analystes l'ont souligné, la crise financière est parvenue à occulter la menace écologique que fait peser le dynamisme actuel, tant économique que démographique, de l'économie mondiale. Mais, paradoxalement, c'est aussi là où cette crise est née, aux États-Unis, qu'un formidable espoir s'est incarné en fin d'année en la personne de Barack Obama : tranchant avec la défiance passée envers les ambitions du protocole de Kyōto, le nouveau président a mis la question environnementale au cœur de son mandat, faisant siennes les priorités de lutte contre le réchauffement climatique et d'investissement massif dans les énergies renouvelables.
Durcissement de la crise des « subprimes »
L'aggravation de la crise financière des subprimes semble avoir sonné le glas du modèle économique qui prévalait depuis quelques années, centré autour d'une très forte consommation des ménages américains. La sophistication financière avait notamment permis d'accentuer le dynamisme des dépenses des ménages américains grâce aux mécanismes de refinancement hypothécaires : l'octroi de prêts hypothécaires avait été grandement facilité par la capacité des banques commerciales américaines et des agences comme Freddie Mac et Fannie Mae à redistribuer le risque aux investisseurs financiers internationaux via les mécanismes dits de titrisation.
Quelques événements retentissants ont nourri la crise de confiance : ce fut le sauvetage de la banque Bear Stearns par J. P. Morgan en mars et, surtout, la faillite de Lehman Brothers en septembre. Les inquiétudes sur le marché du refinancement hypothécaire ont précipité la mise sous tutelle de Freddie Mac et Fannie Mae. Enfin, signe que les investisseurs ont aussi fortement pâti de la crise, le premier assureur mondial, American International Group (A.I.G.), s'est trouvé en très grande difficulté et a été mis sous tutelle publique.
Face à une crise d'une telle ampleur, les autorités publiques ont annoncé des plans de soutien massifs. Aux États-Unis, le plan Troubled Assets Relief Program (T.A.R.P., programme de sauvetage des avoirs en difficulté), dit « plan Paulson », a consacré une enveloppe de 700 milliards de dollars au rachat d'actifs illiquides détenus par les banques américaines, afin qu'elles puissent assainir leurs bilans. Les banques centrales ont, quant à elles, tenté d'enrayer la spirale de défiance en abaissant leur taux directeur, parfois de façon spectaculaire. Ainsi, le 8 octobre, six banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (B.C.E.) et la Banque d'Angleterre, ont abaissé de concert leur taux directeur à hauteur[...]
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Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
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