ÉCONOMIE MONDIALE 2008 : de la crise financière à la crise économique
Croissance en berne en Europe
La zone euro n'a pas su trouver de souffle propre : la croissance s'est limitée à 1,3 p. 100 en 2008, après 2,6 p. 100 en 2007. La plupart des pays ont connu des trimestres de contraction du P.I.B., autrement dit de récession. Le commerce extérieur, entravé par le ralentissement mondial, n'a apporté qu'un soutien limité à l'activité. La demande intérieure n'a pas été au rendez-vous dans la plupart des grands pays : l'érosion du pouvoir d'achat des ménages par le prix des matières premières, dans un contexte de modération salariale et de faibles créations d'emplois, a pesé sur leur consommation. Le taux de chômage, tel que mesuré par le Bureau international du travail, a augmenté, pour s'établir à plus de 7,5 p. 100. En France et en Allemagne, la consommation des ménages ne résistait plus à la crise, tandis que l'investissement s'est montré atone ou s'est contracté. Outre-Rhin, les exportations, qui constituent pourtant le fleuron de la croissance, ont connu un sérieux coup de frein. La croissance s'est établie en France à 0,8 p. 100 en 2008, après 2,2 p. 100 en 2007, et, en Allemagne, à 1,8 p. 100 en 2008, après 2,5 p. 100 en 2007. L'Italie s'est trouvée sans croissance (– 0,1 p. 100 en 2008 après 1,5 p. 100 en 2007) : la consommation des ménages a été pénalisée par le recul du pouvoir d'achat sous le coup d'une inflation élevée. En Espagne, l'activité a nettement ralenti (1,4 p. 100 en 2008, après 3,7 p. 100 en 2007) : la fin du boom immobilier a entraîné un net recul de la construction et un fort ralentissement de la consommation des ménages. De plus, le pouvoir d'achat des ménages a été pénalisé par une forte inflation (plus de 4 p. 100 en moyenne). Sur le plan institutionnel, la construction de l'Europe s'est poursuivie, avec l'adhésion de Chypre et de Malte à la zone euro.
Au voisinage de la zone euro, la croissance britannique a fortement ralenti, à 1,0 p. 100, après 3,0 p. 100 en 2007. Comme dans la zone euro, la consommation des ménages s'est grippée et les investissements se sont repliés. L'économie a subi de plein fouet le retournement du marché immobilier et le marasme du secteur financier. Plus au nord, l'Islande, dont l'économie s'était très dangereusement financiarisée depuis quelques années, a souffert plus cruellement encore de la crise des subprimes. Son secteur bancaire a implosé, obligeant le pays à recourir aux prêts des organisations internationales (F.M.I.).
Comme aux États-Unis, la réaction des autorités publiques européennes a été rapide et massive. Après des annonces séparées, les États de la zone euro ont décidé de mettre en place un plan commun autour de mesures de recapitalisation des établissements financiers et de garantie des financements bancaires de moyen terme. Ce vaste plan comporte un volet d'impulsion budgétaire de 200 milliards d'euros (1,5 p. 100 du P.I.B. de l'Union européenne) pour relancer la demande et restaurer la confiance, dans le cadre des règles assouplies du pacte de stabilité et de croissance. Au Royaume-Uni, afin de renforcer les fonds propres du système bancaire, le gouvernement s'est engagé à souscrire au capital des banques sous forme d'actions préférentielles. Signifiant sa volonté de réformer la gouvernance des sociétés financières, le gouvernement britannique a exigé des banques recapitalisées diverses contreparties : la représentation publique aux sein des instances décisionnaires, la refonte du mode de rémunération des dirigeants, la limitation des dividendes et la garantie de maintenir le rythme des prêts aux particuliers.
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Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
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