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ÉCONOMIE MONDIALE 2008 : de la crise financière à la crise économique

Prix du pétrole et inflation

Les prix des matières premières, au premier rang desquelles le pétrole, ont connu un parcours très contrasté : le prix du Brent a plus que doublé, passant de 71 dollars à 147 dollars entre l'été de 2007 et l'été de 2008, avant de refluer, pour se situer aux environs de 40 dollars en fin d'année. L'envolée du prix de l'or noir s'explique, comme les années précédentes, par le dynamisme de la demande de pétrole, sous l'effet notamment de la forte croissance des pays émergents, en particulier de la Chine. Au-delà, la spirale haussière a été confortée par deux facteurs : la prise de conscience que le pétrole est une ressource épuisable et les mouvements spéculatifs. D'une part, le rythme actuel de la consommation mondiale a provoqué nombre de débats sur sa soutenabilité tant économique qu'écologique, en particulier sur le risque d'épuiser les ressources pétrolières plus vite que prévu : selon l'Agence internationale de l'énergie, les réserves de pétrole représentent environ quarante années de production au rythme actuel. D'autre part, la spéculation financière a pu alimenter la flambée des prix du pétrole et, plus généralement, celle des prix des matières premières. À cet égard, la Commission américaine de régulation des marchés des matières premières (Commodity Futures Trading Commission, C.F.T.C.) a souligné que les fonds de spéculation avaient fortement privilégié les produits financiers pétroliers depuis la crise des subprimes. Le reflux massif du prix de l'or noir observé à partir de l'automne est, quant à lui, lié à la fois à une anticipation du ralentissement de la demande en provenance des pays développés et à la hausse des capacités de production de l'Arabie Saoudite.

Le profil d'évolution infra-annuel de l'inflation a largement épousé celui du pétrole. Longtemps maîtrisée par les banques centrales, l'inflation a bondi pour flirter avec des niveaux très au-dessus des objectifs fixés. Au printemps, l'inflation s'est envolée dans presque toutes les zones économiques, dans le sillage de la forte poussée des prix de l'énergie et de l'alimentation. La perspective d'un pétrole de plus en plus cher a nourri les craintes d'une inflation structurellement élevée. Au pic observé à l'été, l'inflation a notamment atteint 4 p. 100 en zone euro, plus de 4 p. 100 au Royaume-Uni et elle a même dépassé 5 p. 100 aux États-Unis. Cette inflation élevée a posé pour un temps un dilemme aux banques centrales, la conjonction d'une inflation très allante au repli de la croissance pouvant dérégler les boussoles monétaires. À l'automne, en raison du ralentissement conjoncturel, le climat inflationniste s'est nettement rafraîchi, et les anticipations d'inflation structurellement élevée ont cédé la place au spectre de la déflation : en fin d'année, les marchés financiers attendaient pour 2009 un repli spectaculaire de l'inflation, pouvant aller jusqu'à – 4 p. 100 aux États-Unis ou – 2,5 p. 100 au Royaume-Uni.

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