ÉCONOMIE MONDIALE 2010 : entre rigueur et relance économiques
L'année 2010 a pris quelque distance avec la tornade financière des années 2008 et 2009. L'économie mondiale est sortie de récession pour entamer une reprise, dans un contexte de croissance des échanges mondiaux après une contraction historique l'année précédente. La Chine s'est trouvée au cœur de cette reprise, en venant alimenter les importations de la plupart des économies mondiales.
Le rythme de la reprise dans les pays avancés a été affecté par une correction des excès d'endettement privé dans certains d'entre eux, au premier rang desquels les États-Unis, et par la mise en œuvre de mesures de rigueur destinées à consolider les finances publiques en Europe. Les pays émergents ont pleinement bénéficié du redressement de la demande mondiale. En définitive, la croissance mondiale a vivement rebondi, à + 4,8 p. 100, après avoir enregistré un taux négatif de — 0,6 p. 100 en 2009, selon les projections du F.M.I. Si l'on décompose cette croissance mondiale, on observe que les pays développés ont connu une phase de croissance modérée (+ 2,7 p. 100 après — 3,2 p. 100 en 2009) tandis que l'activité a plus franchement accéléré, à + 7,1 p. 100, dans le monde émergent (après + 2,5 p. 100 en 2009).
Redressement du commerce mondial
La demande mondiale en biens et services a connu un rebond spectaculaire de + 11,4 p. 100 en 2010 après une contraction historique de — 11,0 p. 100 l'année précédente. Le commerce mondial avait en fait commencé de nettement rebondir dès l'été de 2009, tiré par les importations des pays émergents et plus particulièrement celles des pays asiatiques. Le rôle moteur dans ce phénomène revenait à la demande chinoise, qui avait été soutenue par la mise en œuvre d'un plan de relance de 4 000 milliards de yuans (585 milliards de dollars) et par l'assouplissement des conditions d'accès au crédit. Cette année, le commerce mondial a également fortement bénéficié de la reconstitution des stocks par les entreprises au sortir du bas de cycle enregistré en 2009.
Les deux géants économiques
L'économie chinoise a confirmé son dynamisme gargantuesque, affichant un taux de croissance proche de 10 p. 100. La croissance a reposé de nouveau sur l'investissement et les exportations. Ce boom, qui dure depuis une décennie, a entraîné un excès d'épargne en Chine, lequel se traduit désormais par l'accumulation d'environ 2 500 milliards de dollars de réserves de change. De l'autre côté du Pacifique, la croissance des États-Unis s'est établie à + 2,6 p. 100 après une nette contraction de — 2,6 p. 100 en 2009. Cette embellie a surtout résulté d'une forte remontée des investissements en biens d'équipement, alors que les investissements liés au secteur de la construction ont plongé suite a l'éclatement de la bulle immobilière. En revanche, le dynamisme des exportations n'ayant pu compenser celui des importations, et ce malgré la baisse du dollar, la contribution des échanges extérieurs à la croissance a été négative. La consommation des ménages s'est bien tenue mais sans exubérance aucune. Elle a été pénalisée par un taux de chômage encore très élevé (à près de 10 p. 100) et la remontée poussive du taux d'épargne. Déjà au plus bas en ce qui concerne son taux de refinancement, qu'elle a maintenu à 0,25 p. 100, la Réserve fédérale a mis en place une deuxième phase d'assouplissement quantitatif : elle s'est engagée a investir à hauteur de 600 milliards de dollars en obligations du Trésor américaines afin de favoriser l'amélioration des conditions de crédit.
Rebond manqué au Japon
La croissance japonaise s'est maintenue à + 3,1 p. 100, après + 2,8 p. 100 en 2009, mais a déçu dans sa composition. Si la reprise a résulté[...]
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Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
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