ÉCONOMIE MONDIALE 2010 : entre rigueur et relance économiques
Fragilités persistantes
La reprise de la croissance économique mondiale n'a cependant pas permis d'éviter de graves crises pour les pays les plus fragilisés dans leur structure bancaire. Ces crises ont rendu plus évidente que jamais la nécessité de créer ou de renforcer les mécanismes internationaux de contrôle et de solidarité.
Crises de la dette souveraine en Europe
Après avoir affiché en 2009 des déficits sans précédent depuis sa création, la zone euro a stabilisé la situation de ses finances publiques au prix de plans massifs de rigueur budgétaire : le déficit public de la zone euro s'est établi à — 6,5 points de P.I.B., contre — 6,3 points de P.I.B. en 2009.
La crise de la dette souveraine s'est avérée alarmante pour les autorités publiques a plusieurs égards : elle s'est déclenchée avant que la reprise n'ait pu véritablement se consolider ; elle s'est propagée sur la scène internationale, formant une nouvelle menace pour le système financier ; elle a laissé planer des doutes sur la solvabilité de la zone euro et porté un coup sans précédent à la monnaie unique. Nul doute que la réponse des institutions européennes et internationales a été à la hauteur de ces enjeux, en plus des mesures budgétaires drastiques prises par les États en crise.
À la suite de la crise grecque, la Banque centrale européenne a décidé d'intervenir sur les marchés pour acquérir des titres de dettes des États européens périphériques, les achats s'étant élevés au total à environ 70 milliards d'euros. De son côté, l'Union européenne a échafaudé un plan de secours visant à endiguer les crises financières via l'apport de prêts et de garanties pour un total de 750 milliards de dollars.
Les crises grecque et irlandaise
Cela étant, deux pays, la Grèce et l'Irlande, ont connu une véritable descente aux enfers sur les fronts budgétaire et économique. La Grèce a officiellement demandé à la fin d'avril un soutien d'urgence à l'Union européenne et au F.M.I. Elle s'est vu octroyer un plan ambitieux de sauvetage représentant une injection de 110 milliards d'euros sur trois ans ; en contrepartie, l'État grec devait faire des économies et mettre en œuvre plusieurs réformes structurelles visant à réduire le déficit budgétaire à hauteur de 10 points de P.I.B. en cinq ans.
Longtemps citée en exemple au cours de la dernière décennie, l'économie du « tigre celte » s'est effondrée et Dublin a été contraint de demander à son tour de l'aide à l'automne. La crise a résulté d'une dynamique de crédit insoutenable provoquée par le faible niveau des taux d'intérêt : sur fond de bulle immobilière, les agents privés se sont endettés de façon excessive, tandis que les banques se sont de plus en plus spécialisées dans ce secteur. Lorsque la bulle a éclaté, la situation des banques de l'île d'émeraude s'est très rapidement détériorée, conduisant notamment à des mesures d'urgence telles que, la nationalisation de l'établissement Anglo Irish Bank en janvier 2009. C'est ensuite la recrudescence des tensions sur le marché de la dette souveraine des pays périphériques de la zone euro à l'automne qui a obligé le gouvernement irlandais à solliciter une aide extérieure pour recapitaliser ses banques et assurer son refinancement sur les marchés. Un plan de sauvetage a été accordé à l'Irlande, pour un montant total de 85 milliards d'euros (55 p. 100 du P.I.B.), dont environ 35 milliards ont été dévolus à la recapitalisation d'un secteur bancaire très fragilisé et déjà en cours de nationalisation partielle.
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Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
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