- 1. Chine : volatilité des marchés financiers et pollution sans précédent
- 2. Moyen-Orient et Maghreb
- 3. Une Europe à trois vitesses
- 4. Le commerce de la C.E.I. paralysé par le conflit ukrainien
- 5. L’Amérique latine face à l’inflation et à la chute du prix des matières premières
- 6. Le Japon peine à relancer sa croissance
- 7. Les États-Unis proches du plein emploi
ÉCONOMIE MONDIALE 2015 : entre reprise et crise des matières premières
Une Europe à trois vitesses
Les suites de la crise de la dette des États européens (due à leur soutien massif aux banques, lors de la crise financière de 2008) ne sont pas homogènes d’un pays à l’autre. Globalement, le chômage commence à refluer dans l’ensemble des 28 pays membres de l’Union européenne (10,2 p. 100 de chômeurs en 2015, 10,9 p. 100 en 2014). L’activité retrouve du dynamisme (1,9 p. 100 de croissance en 2015 ; 1,5 p. 100 en 2014). Cette reprise de la croissance concerne l’ensemble des économies de la zone, notamment celles de la France (1,2 p. 100 en 2015 ; 0,2 p. 100 en 2014) et de l’Italie (0,8 p. 100 en 2015 ; – 0,4 p. 100 en 2014), même si, en Allemagne, la tendance est à la stabilisation (1,6 p. 100 en 2015, 1,5 p. 100 en 2014). Cette tendance générale à la hausse est amplifiée par la reprise en Espagne et en Irlande, deux pays particulièrement touchés par la crise de la dette. Les violents ajustements qu’ont connus leurs économies sont à l’origine du redémarrage de l’activité. Leur chômage commence en effet à se résorber en 2015 : 24,5 p. 100 de la population active en Espagne (26,1 p. 100 en 2014) ; 11,3 p. 100 en Irlande (13,1 p. 100 en 2014). En 2015, ces deux pays ont des taux de croissance bien différents de ceux de leurs voisins : 3,1 p. 100 en Espagne (1,4 p. 100 en 2014) et 4,8 p. 100 en Irlande (5,2 p. 100 en 2014), décidément championne de l’ajustement par la déflation.
Le seul pays européen à ne pas être invité à la fête est la Grèce : son P.I.B. recule de 2,3 p. 100 en 2015, après avoir progressé de 0,8 p. 100 en 2014. Le fardeau de sa dette publique (180 p. 100 du P.I.B.) alimente encore les incertitudes sur ses capacités de remboursement, ainsi que l’instabilité politique. En juillet 2015, le Premier ministre Alexis Tsipras soumet à référendum le plan d’aide proposé par les créanciers du pays – la troïka composée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (B.C.E.) et du Fonds monétaire international (F.M.I.). Il appelle au rejet du plan et d’une rigueur excessive pour les catégories les plus défavorisées du pays (réduction des aides publiques). Le peuple grec suit Alexis Tsipras et vote contre le plan, ce qui lui donne la légitimité politique pour renégocier à Bruxelles les modalités de remboursement de la dette du pays (allongement de la durée ou baisse des taux d’intérêt). Les créanciers posent à cette renégociation des conditions que Tsipras fait accepter aux Grecs en remettant en jeu son mandat, à l’occasion de législatives que remporte son parti : la mise en place par la Grèce d’un premier train de réformes comprenant notamment une réduction du niveau des retraites, une réforme de l’impôt sur le revenu et une augmentation de la fiscalité imposée aux agriculteurs.
Les dernières secousses de la crise financière de 2008 tardent à s’estomper au Portugal, et brident la confiance des acteurs. Après le sauvetage de la banque Espirito Santo en 2014, c’est au tour de la banque Banif – majoritaire dans les îles portugaises des Açores et Madère, ses actifs représentant 7 p. 100 du P.I.B. portugais – de bénéficier dans l’urgence d’une injection de fonds publics de 2,3 milliards d’euros, dont 0,5 milliard débloqué par le fonds de résolution bancaire. Cette opération compromet l’objectif gouvernemental d’un déficit public à 3 p. 100 du P.I.B.
La B.C.E. est à court d’idées pour soutenir l’activité. L’inflation est toujours faible dans la zone euro. Les prix progressent de 0,1 p. 100 en 2015 (0,4 p. 100 en 2014), fortement ralentis qu’ils sont par les prix de l’énergie, qui reculent de 7,2 p. 100. L’inflation hors énergie est certes positive (1 p. 100), mais elle reste faible par rapport à l’objectif de 2 p. 100 que s’est fixé à moyen terme la B.C.E. Aussi continue-t-elle[...]
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Écrit par
- Axel MARMOTTANT : chargé de la modélisation prudentielle à la direction financière de la Caisse des dépôts et consignations
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Médias