- 1. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) : des situations très contrastées
- 2. Japon : « stagdéflation » et faible chômage
- 3. États-Unis : plein emploi, inflation faible et doutes protectionnistes
- 4. Europe : reprise lente, fragilité financière et forces centrifuges
- 5. Pays du Sud : une aggravation générale
ÉCONOMIE MONDIALE 2016 : dynamisme asiatique et replis nationaux
Europe : reprise lente, fragilité financière et forces centrifuges
Le taux de croissance de la zone euro perd quelques décimales, passant de 2 p. 100 en 2015 à 1,7 p. 100 en 2016, malgré un léger progrès pour l’Allemagne (de 1,5 p. 100 à 1,8 p. 100), et la stabilité de la France (1,3 p. 100) et de l’Italie (0,8 p. 100).
Par rapport à 2015, la croissance allemande est moins tirée par les exportations et davantage par une consommation intérieure très dynamique. En Allemagne, le taux de chômage a diminué, atteignant 6 p. 100 en octobre, plus bas niveau historique depuis la réunification du pays en 1990. En France, la situation morose est accentuée par la conjonction de la baisse des exportations et des effets des attentats de 2015 et 2016, notamment sur l’activité liée au tourisme. Le chômage reste la préoccupation majeure, mais l’accroissement des emplois dans le secteur marchand (près de 150 000 en un an) constitue un point positif.
Les progrès de la supervision bancaire ont eu pour résultat de mettre au jour les faiblesses des systèmes bancaires ; les tests de résistance de l’Autorité bancaire européenne et de la Banque centrale européenne ont montré une certaine vulnérabilité des banques européennes, en particulier celle de banques italiennes et allemandes, en crise durant l’été de 2016 du fait d’une faiblesse structurelle et de l’accumulation de créances douteuses.
Tout événement local est perçu comme le signe avant-coureur d’une nouvelle grave crise mondiale : les difficultés de l’économie chinoise, la crise russe, la baisse du prix du pétrole, le Brexit sont autant de coups portés à la stabilité du système financier international.
Dans ce contexte, les banques centrales, et tout particulièrement la Banque centrale européenne depuis 2014, sous l’autorité de Mario Draghi, ont mené une politique accommodante qui abaisse les taux d’intérêt (taux directeur de 0 p. 100 depuis mars 2016) et injecte des quantités massives de monnaie (quantitative easing) dans le circuit. L’objectif est double : soutenir les banques en fournissant des liquidités, favoriser la consommation, l’investissement et donc l’économie réelle, tout en maintenant l’euro à un niveau relativement bas. Cette politique n’est pas sans soulever de graves questions : les liquidités accumulées nourrissent aujourd’hui la spéculation ; la baisse des taux d’intérêt affecte le revenu des épargnants, lamine les résultats des banques et n’a pas jusqu’à maintenant engendré une nette reprise économique. Parallèlement, la relance budgétaire est de nouveau évoquée par certains responsables européens.
L’Europe s’achemine vers une solution de la crise grecque avec le versement de près de 13 milliards d’euros en 2016, après que la Grèce a tenu ses engagements, en particulier en matière de retraites et de gouvernance bancaire, sans toutefois sortir de la récession.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, l’Accord économique et commercial global (ou Comprehensive Economic and Trade Agreement, CETA), a été sauvé in extremis en octobre 2016 après un blocage du parlement wallon ; il doit maintenant être ratifié par le parlement canadien ainsi que, concernant l’Union européenne, par les parlements nationaux et plusieurs assemblées régionales.
Le Royaume-Uni, dont la croissance en 2015 (2,2 p. 100) était relativement haute par rapport à la zone euro, n’enregistre pas pour le moment de ralentissement à la suite du Brexit. Toutefois, le taux d’inflation s’élève (autour de 3 p. 100) et la livre connaît une nette dépréciation.
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
Classification
Médias