ÉCONOMIE MONDIALE 2017 : expansion, inégalités, fragilités
Japon : paradoxes économiques
Au Japon, le taux de croissance passe de 1 p. 100 en 2016 à 1,5 p. 100 en 2017 grâce à la conjugaison des effets bénéfiques d’exportations tirées par le commerce mondial et d’une politique budgétaire favorable.
Le Japon détient toujours le taux de chômage le plus bas au niveau mondial (moins de 3 p. 100), ce qui s’explique par une faible productivité dans certains secteurs, notamment celui des services – où l’encadrement est beaucoup plus fort qu’en Occident –, par une démographie défavorable et par une réticence à recourir à la main-d’œuvre étrangère, créant une pénurie dans certains domaines. Mais les emplois précaires progressent, ce qui accentue la tendance structurelle à la stabilité des salaires en dépit du faible taux de chômage. Le déficit public perdure et la volonté de le réduire se heurtera aux dépenses de santé et, dans une moindre mesure, à la préparation des jeux Olympiques de 2020. La dette publique atteint des records (250 p. 100 du PIB), mais elle est essentiellement interne.
La situation japonaise déroge toujours aux principes économiques de base : une croissance faible des salaires et des prix en dépit d’un chômage inexistant, ce qui contredit la courbe de Phillips ; des investissements faibles malgré des profits confortables, à l’inverse du « théorème de Schmidt » selon lequel « les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain » ; une dette publique colossale associée à un excédent extérieur, alors que le besoin de financement de l’État implique normalement le besoin de financement de l’économie (« déficits jumeaux »). Ce dernier paradoxe s’explique par l’importance de l’épargne intérieure.
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
Classification
Médias