- 1. États-Unis : guerre commerciale, miracle économique et déficits critiques
- 2. Le dynamisme des grands de l’Asie
- 3. Les BRICS non asiatiques : difficultés économiques, tournants politiques
- 4. Europe : des croissances en baisse et divergentes
- 5. Pays du Sud : stagnation pour les uns, croissance pour d’autres
ÉCONOMIE MONDIALE 2019 : entraves à la croissance, recul de la mondialisation
Le dynamisme des grands de l’Asie
Chine : essoufflement conjoncturel et enjeux structurels
Le taux de croissance de la Chine, de 6,1 p. 100, bien que toujours élevé par rapport à celui des autres grandes puissances, marque une baisse en 2019 et se situe en deçà des performances réalisées depuis plusieurs décennies. Facteurs externes et facteurs internes se conjuguent. D’une part, les exportations subissent les effets des mesures protectionnistes américaines et de l’essoufflement de la demande mondiale. D’autre part, les effets contradictoires de la politique du gouvernement ne sont pas de nature à enrayer une contraction de la demande interne. Au cours de l’année, des mesures variées ont été prises pour soutenir l’activité : fiscale (baisse de la taxe des salaires), budgétaire (hausse des dépenses d’infrastructures) et monétaire (injection de liquidités pour stimuler le crédit). Mais, à l’inverse, les réformes visant à assainir la situation financière des entreprises ont joué dans le sens d’une contraction de l’investissement, contribuant ainsi à ralentir la demande interne.
La Chine est toujours confrontée aux trois grandes questions posées par son développement rapide : premièrement, l’enjeu environnemental, rendu aigu par la densité de la population, le développement industriel et l’aspiration générale à la détention d’une automobile ; deuxièmement, la question sociale, atténuée par des mesures en faveur des plus pauvres ; troisièmement, la question financière : bien qu’il s’inscrive dans la tradition la plus dure du communisme chinois, le gouvernement de Xi Jinping, face à la fragilité des banques, des entreprises et des collectivités locales, ne répugne pas à opérer un recul de l’État dans nombre d’entreprises et à mettre en œuvre une politique de privatisation.
Inde : ralentissement de la croissance et inquiétudes multiples
Le ralentissement marqué de la croissance indienne (6,1 p. 100 après 7,2 p. 100 en 2017 et 6,8 p. 100 en 2018), très en deçà de la performance à deux chiffres promise par le président Narendra Modi, est dû à un effondrement de la consommation intérieure et de l’investissement. Les secteurs de l’automobile et de l’immobilier sont particulièrement touchés. Les incertitudes en matière de réglementation des entreprises et de l’environnement, de même que l’insuffisance des crédits aux ménages et aux entreprises, contribuent à l’atonie de la demande privée. Plus fondamentalement, le système bancaire est malade des relations incestueuses entre le pouvoir politique et les milieux d’affaires : les banques ont accumulé des créances douteuses dont une importante partie provient de grandes entreprises proches du pouvoir. De surcroît, nombre d’entreprises sont en situation fragile et la forte centralisation du pouvoir nuit à l’efficacité des interventions publiques. Toutefois, le gouvernement et la Banque centrale ont multiplié les mesures de relance : baisse des taux directeurs, énorme transfert de fonds de la Banque centrale au Trésor public (22 milliards d’euros), injection de près de 9 milliards d’euros dans les banques publiques, ajustements fiscaux ; l’ensemble est plus destiné à rassurer les milieux d’affaires qu’à dynamiser la demande des ménages.
Japon : permanence d’un modèle singulier
Comme en 2018, la croissance japonaise est faible, inférieure à 1 p. 100, en partie en raison d’un essoufflement des exportations lié au ralentissement de l’économie mondiale et à l’affrontement entre la Chine et les États-Unis ; le passage de la TVA de 8 à 10 p. 100 en octobre a précipité les achats des ménages. Les jeux Olympiques de 2020 et les réparations des dégâts du typhon Hagibis d’octobre devraient avoir un effet sur la croissance. Le Japon conserve son profil économique original : croissance lente, chômage faible (2,4 p. 100 de[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
Classification
Médias