- 1. États-Unis : guerre commerciale, miracle économique et déficits critiques
- 2. Le dynamisme des grands de l’Asie
- 3. Les BRICS non asiatiques : difficultés économiques, tournants politiques
- 4. Europe : des croissances en baisse et divergentes
- 5. Pays du Sud : stagnation pour les uns, croissance pour d’autres
ÉCONOMIE MONDIALE 2019 : entraves à la croissance, recul de la mondialisation
Les BRICS non asiatiques : difficultés économiques, tournants politiques
Russie : les difficultés de l’émergence
En dépit d’une croissance en recul (1,1 p. 100 contre 2,3 p. 100 en 2018), les performances de l’économie russe sont relativement bonnes : faible chômage, ralentissement de l’inflation, apparition d’un excédent budgétaire. Elles ne doivent pas cependant masquer les difficultés structurelles : une économie dépendante des hydrocarbures (presque 1/5 du PIB, 1/2 des recettes publiques, 2/3 des exportations), une population en baisse (moins 200 000 habitants en 2019) et vieillissante, des capacités de production insuffisantes en volume et trop peu diversifiées, un climat des affaires assombri par la corruption. Le gouvernement de Vladimir Poutine a réalisé différentes réformes : baisse des dépenses publiques, fermetures de petites banques, réforme de la retraite en 2018, prévoyant un report progressif de départ à 65 ans (contre 60 auparavant) pour les hommes et à 60 ans (contre 55) pour les femmes ; hausse de la TVA, dont le taux normal est passé de 18 à 20 p. 100 le 1er janvier 2019. Par ailleurs a été adoptée à partir de 2018 une nouvelle règle d’or budgétaire qui vise à épargner les recettes pétrolières au-dessus de 40 dollars par baril, renforçant ainsi les réserves de change et permettant une certaine décorrélation des cours du rouble et du pétrole. Toutefois, la mise en œuvre des « projets nationaux » annoncés par Vladimir Poutine au début de son quatrième mandat en 2018 dans douze domaines, dont la santé et les infrastructures, a pris du retard. Ces investissements devaient s’élever à près de 400 milliards de dollars d’ici 2024, dont 115 milliards d’origine privée, russe ou étrangère. Par ailleurs, pour enrayer le déclin démographique, le gouvernement met en œuvre une politique nataliste et une politique d’immigration en provenance de pays de l’ex-Union soviétique, rendue difficile par la faible attractivité des rémunérations.
Brésil : réformes libérales et dérégulation environnementale
La croissance en 2019 est ici aussi plus faible que les années précédentes (0,9 p. 100 contre 1,1 p. 100 en 2018), dans un climat d’incertitude sur les réformes structurelles. Toutefois, en octobre, le président Bolsonaro réussit à faire passer une réforme des retraites, très attendue, destinée à restaurer la crédibilité financière du pays. En dépit de sa dimension clientéliste, (elle ménage militaires et policiers), et de son insuffisance à long terme, cette réforme préserve la retraite par répartition et permet d’économiser 176 milliards sur dix ans, apportant des gages aux investisseurs étrangers ; l’économie informelle, toujours importante, n’en bénéficie évidemment pas. D’autres réformes sont attendues, sur le système fiscal et les privatisations, mettant à l’épreuve le dogme libéral du président. En novembre, il présente un projet de réforme du service public destiné à réduire le déficit, qui s’élève à plus de 6 p. 100 du PIB, et pesant lourdement sur les salaires des fonctionnaires et la stabilité de leur emploi. L’année 2019 restera une année noire pour les peuples indigènes et la forêt brésilienne, en proie à de violents incendies et à une déforestation encouragée par le gouvernement.
L’Afrique du Sud enlisée dans des problèmes économiques et politiques
La première puissance économique de l’Afrique est confrontée à de lourds problèmes économiques : une croissance faible (1 p. 100), un taux de chômage critique (28 p. 100), un solde extérieur courant structurellement négatif à plus de 3 p. 100 du PIB, des entreprises publiques fragiles, des déficits publics accusés. Si Cyril Ramaphosa, qui a succédé à Jacob Zuma, chassé du pouvoir en 2018 et poursuivi pour corruption, a été conforté par les élections de mai[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
Classification
Médias